10- La gynécologie ou l'art de l'accouchement
Composé de gynéco-, du grec ancien γυνή / gunế « femme », et de -logie, de λόγος / lógos « discours », la gynécologie correspond au discours de la femme et à son étude. Mais tous les gynécologues ne savent pas écouter ce que les femmes racontent ni n'ont envie de les entendre. On se demande donc pourquoi ils ont décidé d'exercer ce métier.
Combien de gynécologues connaissent réellement la signification d'un speculum ? Un speculum sert à l'observation physique et mentale. Oui, mentale. C'est pour cela que les livres contenant des paroles saintes s'appellent "SPECULUM". En latin, Speculum signifie miroir, car il permet de voir, c'est pourquoi on dit qu'un miroir est speculaire.
La femme n'est pas seulement un appareil génital qui sert à donner du plaisir, à procréer ou dont on cherche les pathologies médicales si quelque chose ne fonctionne pas. Elle est aussi une bouche qui parle, un mental qui pense, une panoplie d'émotions qui s'expriment. De nombreux hommes ont spéculé sur son compte. Fut une époque où si une femme montrait qu'elle réfléchissait, qu'elle comprenait et si elle réclamait dignité et respect, alors elle était taclée d'hystérique. Les gynécologues d’antan étaient capables de retirer un utérus sain à une femme saine, seulement parce qu'elle voulait que son humanité soit considérée à part égal avec celle de l'homme.
Pour la première fois depuis mon accouchement en 1995, je suis allée voir une sage-femme plutôt qu'un gynécologue, pour un acte gynécologique, et j'ai vu toute la différence entre les deux. Je peux d'ors et déjà avancer que les gynécologues ont des cours de savoir-faire à prendre auprès des sages-femmes.
Pour commencer, le cadre de la petite pièce d'auscultation met de suite à l'aise. L'ambiance est chaleureuse. Ce n'est pas aussi froid et aseptisé que dans un hôpital. Ensuite, le petit coussin en forme de U sous les lombaires, "y'a pas photo", rend l'examen beaucoup plus confortable. En 28 ans de visites gynécologiques et croyez-moi, j'en ai fait un paquet, c'est la première fois que j'ai eu le droit à un petit coussin sous les reins.
J'ai été étonnée, mais satisfaite qu'elle n'ait pas utilisé un spéculum ou ses doigts pour un examen invasif. C'est simple, il n'était pas nécessaire. Je ne venais pas pour ça, mais pour autre chose. Pourtant, j'avais été habituée à cette logique que de spéculer mon intimité sans même me demander mon consentement, même si j'étais prévenue systématiquement du contrôle de routine qui allait être effectué.
La vision pleine de connaissance ne se retrouve donc pas "que" dans le spéculum et l'intrusion vaginale. La sage-femme a vu avec son savoir, ce qui n'allait pas. Mais c'est surtout parce qu'elle a été attentive à ce que je lui ai expliqué.
En fait, la différence qu'il y a entre un gynécologue et une sage-femme, c'est que la sage-femme, et bien, elle est plus sage. Elle a une philosophie "maïeutique", du grec ancien μαιευτική / maieutikế, dérivé du personnage mythologique Maïa, celle qui veillait aux accouchements.
La maïeutique est aussi une technique qui consiste à bien interroger une personne pour la faire accoucher de connaissances, dans le sens de sa meilleure expression. Eh oui, l'accouchement est une expression de soi-même. Il est l'esprit qui exprime un savoir caché en soi. C'est Socrate qui en parlait en faisant référence au Théétète de Platon, d'où sans doute le verbe "téter", qui nourrit l'enfant et lui permet de grandir, d'évoluer et qui exprime aussi le fait de s'abreuver de connaissances par le lait maternel. C'est pourquoi Socrate et Théétète se demandaient si la science trouvait la source de ses connaissances dans ce contact de l'âme au sensible en devenir, sur la sagesse et le savoir.
L'intérêt de la sage-femme est de permettre à la femme de dire plus de choses que ce qu'elle ne porte en elle.
Lorsque mon gynécologue d'antan m'a demandé la fréquence de mes rapports sexuels. Non seulement ma réponse ne lui a pas convenu, mais en plus, il n'a pas cherché à en savoir plus et donc ne m'a été d'aucune aide. Au contraire, il a ajouté un sentiment de culpabilité sur mon mal-être déjà existant.
"Vous êtes sûre que ce n'est pas dans votre tête ?"
Quelques mois plus tard, je serais opérée en urgence de deux fibromes dans la même année. On découvrira une énorme endométriose que je trainais depuis dix ans. Une dysplasie cellulaire et des cellules pré-cancéreuses entraineront une hystérectomie de mon utérus et de mon col.
Non, ce n'était pas dans ma tête...
La sage-femme m'a dit que c'est à ce moment-là, que j'aurais dû changer de médecin.
On ne doit jamais laisser son intimité entre les mains d'un homme qui vous répond que c'est dans votre tête alors que vous venez le voir parce que vous savez que quelque chose ne va pas dans votre corps.
On ne laisse pas un médecin sans empathie mettre ses mains dans votre corps pour vous retirer vos organes.
Cette sage-femme a tellement raison, car au final, ce gynécologue sera un des hommes qui m'aura fait le plus souffrir physiquement. J'ai vécu une véritable torture et je me dois de porter ce témoignage ici.
Traumas gynécologiques
- 2017. Je vivais dans les Vosges et j'avais 42 ans.
Suite au retrait de mon utérus, j'ai eu une petite descente d'organe, de ma vessie pour être exacte. Je me rends donc à l'hôpital de Remiremont.
Mon gynécologue chirurgien m'a proposé de me la remonter. Il m'opère. Tout se passe bien. Mais le lendemain matin, ma poche d'urine est pleine de sang qui passait par la sonde. Le médecin décide donc d'intervenir en urgence et à 14h j'étais au bloc opératoire. Il me demanda si j'étais d'accord pour tester une petite séance d'hypnose avant l'intervention pour me permettre de me décontracter. J'aime les médecines douces, donc pourquoi pas, si cela peut m'éviter un anxiolytique, je veux bien ! Sauf que le médecin ne m'a jamais dit que cela signifiait que je n'aurais aucune anesthésie générale. Quand j'ai commencé à sentir la douleur, j'ai supplié l'anesthésiste de me gazer, de faire quelque chose. Je lui disais que ça ne fonctionnait pas, que j'avais mal. Je suppliais le chirurgien d'arrêter ou de m'endormir, mais il m'a répondu que cela n'était pas possible parce que j'avais déjà été anesthésiée la veille et que ça aurait été trop rapproché donc impossible. Je n'ai jamais eu aussi mal de toute ma vie et je pense que l'anesthésiste hypnotiseur à côté doit encore en éprouver du remord aujourd'hui, car je l'ai vu pleurer avec moi. Le chirurgien a transpercé la cicatrice de la veille, donc à l'intérieur, en haut du vagin pour aller recoudre la bandelette qui s'était détachée et il lui a fallu ensuite recoudre à nouveau pour refermer. Le lendemain, l'infirmière est venue me faire signer le bon de sortie. Je pleurais et lui disais que j'avais trop mal et que je ne me sentais pas capable de rentrer chez moi, de me faire à manger, etc., surtout sachant que je vivais seule. Mais, je n'avais pas le choix. En signant le papier, je constate alors que la date n'est pas bonne, qu'elle correspond à la veille. J'en fais la remarque à l'infirmière qui me répond mal à l'aise : "Je sais, mais c'est obligé, c'est le médecin qui l'a dit." Je ne comprenais pas mais comme j'étais patraque, j'ai signé. Je suis rentrée chez moi et j'ai fait une infection aux Eschérichia coli que j'ai eu quelques difficultés à soigner car après m'être rendue aux urgences gynécologiques, mes prélèvements ont soudainement disparus et il m'a fallu en faire de nouveau.
6 ans plus tard, après discussion avec la sage-femme, je comprends mieux pourquoi, il a fait ça.
Tout d'abord, d'après la sage-femme, qui n'a pas vu mon dossier et qui se base sur ce que je lui ai dit m'explique que même si une bandelette s'était décrochée, cela n'aurait pas dû entrainer une hémorragie de la vessie. Elle pense que c'est un coup de scalpel qui a entrainé l'hémorragie. Ensuite, elle m'affirme qu'il aurait pu m'anesthésier, même si j'avais déjà été anesthésié la veille. Pour elle, il s'agit d'une erreur médicale qu'il aura camouflée en faisant comme si j'étais sortie la veille, donc comme si il n'y avait jamais eu de seconde intervention. Et même si je portais plainte aujourd'hui, jamais l'infirmière ou anesthésiste n'irait témoigner car ils auraient trop peur de ce genre de médecin intouchable.
Moi, ce que je pense, c'est que j'ai été victime d'un essai clinique auquel j'ai consenti de façon non éclairé. Il a profité du fait que plus tôt, je lui disais de bien m'anesthésier car en tant qu'hypersensible, il m'était déjà arrivé une fois de me réveiller lors du retrait d'un kyste buccale. Ayant quelques troubles psychiques dus à plusieurs viols, si cela ne fonctionnait pas et je venais à me plaindre, il pourrait toujours dire "que c'était dans ma tête" ou que je n'avais pas supporté une anesthésie et dans le pire des cas, il pourrait toujours faire témoigner le personnel médical présent lors de la première intervention qui ne pourrait que confirmer le fait que tout c'était bien passé, ce qui était vrai, mais seulement lors de la première intervention.
Qui était présent lors de cette seconde intervention ? Dans mes souvenirs, il n'y avait que le chirurgien et l'anesthésiste, à moins que derrière la porte des personnes m'aient entendue pleurer et supplier qu'on arrête ?
La sage-femme m'a répondu qu'on ne faisait pas des recherches "comme ça" sur quelqu'un sans lui demander son consentement, mais je crois qu'elle ignore ce que certains sont capables de faire et jusqu'où ils peuvent aller. Il y a des secrets que la populations ignore. J'ai été une cobaye pour ce centre de gynécologie clinique. Mais qui osera en témoigner ? Moi, je n'ai aucune preuve pénale.
Second trauma qui n'a rien à voir avec le précédent, même s'il le précède de 14 ans
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2003. Je vivais dans les Ardennes et j'avais 28 ans.
Une douleur au sein, assez violente, se faisait ressentir dès que mon enfant fonçait dans mes bras, chose qui n'arrivait pas avant. Je me rends donc aux urgences gynécologiques de Charleville-Mézières. Le gynécologue me demande de me mettre nue. Jusqu'à là, chaque fois que j'avais fait un examen, je gardais au moins la moitié de mes vêtements. Il insista et j'obtempérais. Ce fut également la première fois que l'on me fit une échographie vaginale car auparavant, chaque fois, on me la faisait par au-dessus du ventre. En même temps qu'il bougeait l'appareil, il me dit que les européennes avaient vraiment de beaux corps. J'étais déjà très gênée d'être nue, mais je le fus encore plus avec ses mots malvenus et cet examen qui a mon goût était trop long, au point que je lui demandais plusieurs fois quand est-ce que c'était fini.
À la fin, il m'annonça que j'avais un petit fibrome, mais que si j'oubliais, il finirait par disparaitre. Il me demanda si je voulais lui laisser mon numéro de téléphone et si j'aimerais à l'occasion aller boire un verre avec lui. Je le remerciais mais lui répondis non et je partis en prenant mon échographie. Quelques jours plus tard, il me téléphona pour me proposer d'aller fumer le narguilé avec lui. Je me demandais comment est-ce qu'il avait eu mon numéro de téléphone, mais en tant que médecin, il lui avait suffit de consulter mon dossier administratif aux urgences. Je lui renvoyais un SMS quelques heures plus tard en lui disant que j'avais quelqu'un dans ma vie et qu'il me laisse tranquille. Et c'est sa femme qui m'appela pour me demander des comptes... À cette époque, je n'aurais pas osé dire la vérité, du moins pas dans son entièreté. Je lui dis seulement part de mon inquiétude du fait qu'il m'avait contacté chez moi. Elle répliqua alors qu'elle était elle-même médecin en pédiatrie et que parfois, les docteurs téléphonent à leurs patients pour les prévenir d'un problème. Sauf que là, c'était lui le problème. Sa femme a dû lui demander des comptes car il ne m'a plus ennuyé.
J'avais un problème en mon sein, mais le gynécologue, au lieu de le résoudre, a ajouté un trauma supplémentaire à ceux que j'avais déjà. De plus, je ne me suis pas préoccupée du fibrome qu'il avait vu. Quelques mois plus tard, en 2004, je faisais une hémorragie et devais être opérée en urgence. Le chirurgien m'enleva un fibrome de la taille d'un pamplemousse. Et c'est seulement en 2009, qu'un autre médecin décidera de m'enlever cette grosseur qui me faisait mal au sein depuis 6 ans. Il n'y avait pas un fibrome, mais trois.
Moralité, si ce gynécologue urgentiste de Charleville-Mézières n'avait pas spéculé sur mon corps d'Européenne, j'aurais sans doute évité quelques années de souffrance à celles déjà existantes.
Cette réflexion mêlée à un témoignage est loin d'être exhaustive, mais elle donne un premier aperçu ce qui concerne l'art de la gynécologie ou l'art de comprendre les femmes.
La sage-femme que j'ai vu hier m'expliquait qu'elle serait capable d'accoucher n'importe quelle femme où qu'elle soit et quelles qu'en soient les conditions, même sans matériels. Les gynécologues d'aujourd'hui en seraient-ils capables ? Eux qui ont besoin de tant d'instruments ?
Je ne veux pas mettre tout le monde dans le même sac. Je sais qu'il y a des gynécologues doux et compatissants qui aiment sincèrement leur métier, qui n'ont qu'une idée en tête, soulager les souffrances des femmes, mais il y a des loups dans la bergerie et quelques uns d'entre eux sont des pervers qui s'amusent à ajouter des souffrances à celles déjà existantes. Le problème, c'est que sans preuves ni d'autres témoins, il est difficile de retirer ces hommes d'une profession censée être de foi.
Sur ce, j'espère que cet article/témoignage vous aura apporté quelques réflexions.
Merci d'avoir lu jusqu'au bout.