13- La torture de Cendrillon

07/05/2023

ou la tradition du Lotus d'or

Le supplice du pied bandé pour que ces messieurs puissent bander,

en prenant non pas leur pied,

mais celui des dames qu'ils condamnaient au martyre.


Il était une fois une jeune fille dont le concubin empereur, fétichiste des pieds, lui demanda de les bander pour exécuter la danse dite du Lotus, afin d'accroitre son désir sexuel. Voilà comment ce calvaire sexuel devint une tradition durant plus de 1000 ans. La pratique fut interdite en 1912 mais ne fut réellement éradiquée que dans les années 50 ; c'est pourquoi nous avons encore "des restes" traditionnels avec les souffrances des chaussures à talon pour les femmes et les souffrances des ballerines pratiquant la danse classique (debout sur un orteil...)

Dans les débuts, seules les jeunes filles de la haute société avaient "le privilège de la souffrance" qui les distinguaient de toutes les autres. En effet, cette mode atroce devint un signe de noblesse que commencèrent à envier celles de toutes classes sociales confondues. Qui pouvait enfiler la pantoufle était susceptible de passer des cendres au trône, car la pantoufle étant le miroir du vagin, plus le pied était petit et serré, plus le plaisir de l'empereur serait royal... d'où la pantoufle de verre permettant de voir directement au travers, l'expression d'un avenir érotique prometteur. Ainsi le pied bandé devint un signe de chasteté et le pied nu un tabou.


Un exemple de la chaussure de la fille en âge d'avoir un mari était envoyé au futur époux, pour attester de la chasteté et de la qualité de sa future femme. Il vérifiait donc "la marchandise" en lui passant la chaussure au pied (versus bague au doigt). Si le pied entrait dans la chaussure (à savoir qu'il y avait 3 tailles différentes), il l'épousait. La royauté exigeait les plus petits pieds...

Combien de pieds mutilés pour pouvoir entrer dans le fameux chausson ? L'histoire de cendrillon nous le raconte d'une façon romanesque qui pourrait presque donner envie de se couper un orteil ou un talon (comme l'ont fait les sœurs de Cendrillon) pour avoir une chance d'épouser "le prince charmant", hum-hum.

Mais comment est-ce possible ? Comment peut-on réduire un pied à la taille du Lotus d'Or ?

- "Pliez vos orteils jeunes damoiselles ! La taille idéale de votre pied doit être de 7,5 cm !"

Beaucoup de femmes sont mortes à cause de leurs pieds. Il y en a qui ont finit amputées. Les pieds bandés empêchent la circulation du sang et ils finissent par se nécroser. À la fin de la dynastie Qing, durant la réforme des cent jours de 1898, s'est crée la société pour l'émancipation des pieds, appelé aussi société contre le bandage des pieds. Ce fut un des prémices du féminisme en Chine. 

"Le bandage commençait à l'âge de cinq ou six ans, parfois plus tôt, et nécessitait environ deux ans pour atteindre la taille jugée idéale de 7,5 centimètres, ou lotus d'or. Après avoir baigné les pieds dans de l'eau chaude ou du sang animal mélangés à des herbes médicinales, les orteils, à l'exception du gros orteil, étaient pliés contre la plante du pied, et la voûte plantaire, courbée, pour réduire sa longueur et donner au pied la forme d'un bouton de lotus. Le pied était ensuite placé dans une chaussure pointue, de plus en plus petite au fil des semaines. Les fractures, volontaires ou accidentelles, étaient fréquentes, en particulier si le bandage commençait à un âge tardif. Les bandes devaient être quotidiennement changées, ainsi que les pieds lavés dans des solutions antiseptiques. Malgré cela, le taux de mortalité des suites de septicémie est estimé à 10 %.

Il existait un second procédé, demandant des compressions encore plus fortes, qui entraînait de nombreuses lésions de l'articulation tarsienne et impliquait un déplacement du calcanéum, qui passait sa position naturelle horizontale à une position verticale. Dans les deux cas, des plaques métalliques étaient quelquefois ajoutées sous la plante du pied ainsi bandé.

Les orteils, privés d'une grande partie de l'irrigation nécessaire, se nécrosaient rapidement. Les voir tomber n'était pas une mauvaise nouvelle, car cela permettait d'obtenir un pied encore plus petit. De manière générale, la circulation sanguine était largement perturbée et rendait les pieds particulièrement douloureux en hiver. En été, le profond pli qui apparaissait entre le talon et la plante du pied était le siège de multiples infections."

(Source : Wikipédia)

Savez-vous que le ballet, mot dérivé de l'italien balletto, diminutif de Ballo ou Ballare pour "danse", dérivé du grec « βαλλίζω » (ballizo), signifie danser, mais aussi "sauter" ?D'où peut-être l'expression typiquement masculine "elle s'est faite sauter"ou "il l'a sautée" pour parler d'une relation sexuelle ! Idem avec le fait de "pointer et tirer une fille", comme un pied étiré pointerait tel un sexe vers un autre...

Ce sont les chrétiens chinois qui se sont opposés au bandage des pieds qui privait les femmes de mobilité. Pris de pitié, ils ont voulu les aider, non pas en leur rendant leur totale liberté, mais en les perchant sur des hauts talons. Ils les empêchaient de fuir et les ralentissaient, afin qu'elles restent tout le temps "derrière" l'homme et qu'elles ne les dépassent pas, la torture des fractures du pied en moins, mais avec les problèmes de dos toujours d'actualité...

Bien que les ballets de danse classique soient magnifiques, les entrainements et l'obligation de se tenir debout sur les phalanges ou les pointes sont des séances de tortures pour nombreuses d'entre elles. Le coton ne fonctionne pas longtemps. Les danseuses mettent des bouts de viande dans le fond des chaussons pour se soulager autant que possibles... Il est évident que la danse classique est un reste de la danse aux chaussons de lotus.

Les pieds bandés, serrés, compressés, sont un symbole de l'oppression masculine, du contrôle des hommes sur les femmes.

De nos jours encore, des femmes sont victimes de discrimination pédestre. Si elles refusent de porter des chaussures à talon, elles peuvent perdre leur emploi. Cette inégalité est inadmissible, car un homme n'a jamais l'obligation de porter des talons sur son lieu de travail ni du mascara ou du rouge à lèvre. C'est encore un moyen de les garder sous contrôle et ce qui me désole le plus, c'est que toutes les femmes ne s'en rendent pas compte, en allant jusqu'à imposer, à leurs consoeurs, le port de talons sur leur lieu de travail.

Avoir envie de se galber la jambe pour se sentir attirante aux yeux d'un mâle est une chose, le faire par obligation en est une autre.

Concernant les enfants victimes de leurs parents qui les obligent à aller à la danse et à s'abimer les pieds parfois, de façon définitive, ne peut-on pas passer une loi pour interdire les mutilations des pieds ou au moins ordonner des contrôles médicaux surprises ? Oui, la danse classique, c'est beau à regarder et on peut adorer danser, mais pas au point de détruire ses articulations, ses phalanges, ses os, son dos... Si quelqu'un a envie de faire une étude à ce sujet, il doit y avoir de nombreux témoignages à prendre.