35- Pigeon au sol

19/10/2023

J'ai trouvé au parc, un beau pigeon assis dans l'herbe. Je me suis approchée doucement et j'ai pu lui caresser la tête du bout du doigt. 

J'étais contente, mais je me suis demandée si cela était normal. Était-il malade ? Pas en apparence. Blessé ? Rien de visible. En train de couver ? Je me suis posé la question, mais je doute qu'il couve là où les promeneurs de chiens passent régulièrement. Problème de cœur ? Il ne semblait pas avoir une respiration inquiétante. Peut-être était-ce tout simplement mon bon contact, dis-je en souriant au monsieur sur le banc qui me disait qu'il était assez rare de pouvoir les approcher d'aussi près. 

J'espérais qu'il ne soit pas mourant. Par prévention, je lui ai transféré un peu de chaleur avec ma main en la mettant à 1 ou 2 cm au-dessus de lui. J'ai essayé de vider mon esprit de toutes pollutions mentales, mais je n'y suis arrivée que durant quelques secondes. J'ai souhaité avec le cœur qu'il aille bien. 

Environ une heure plus tard, en repartant après avoir discuté avec des gens, je le vis plus loin, à une vingtaine de mètres, avec deux enfants autour qui le regardaient, étonnés de pouvoir en observer un de si près, qui ne prend pas la fuite. Je fus un peu rassurée en me disant que s'il s'était déplacé jusqu'à là, c'est qu'il avait encore quelques forces dans les ailes. Les enfants étaient sains, innocents et ne lui voulaient que du bien. C'est peut-être ça que l'oiseau est venu chercher, des bonnes ondes pour aller mieux.

En prenant un peu de recul, je me dis que l'oiseau est venu me rappeler que j'ai eu envie d'aider un être, malgré mes pensées les plus néfastes qui précédaient notre rencontre. J'imaginais que si j'avais été un dictateur, je n'aurais pas menacé d'appuyer sur un bouton nucléaire pour faire disparaitre tout un pays, mais que j'aurais directement éliminer toute la planète. J'aurais ainsi fait d'une pierre deux coups en ayant pitié de tous ceux qui souffrent et en me débarrassant de tous les criminels. Une part de moi aurait voulu qu'il n'y ait plus rien plutôt que ce trop plein de crimes et de guerre que l'on entend à tout bout de champ. Comment vivre en paix dans ces conditions ? Les opposés demandent aux neutres de choisir un camp sans quoi ils seront montrés du doigt pour ne pas avoir désigné à haute voix les coupables du chaos. Au final, les neutres ne peuvent pas être tranquille dans leur neutralité car le risque est qu'on leur reproche de consentir sous prétexte qu'ils ne disent rien. Ils n'ont pas compris qu'en politique aussi la sidération existe et que toute la population n a pas envie de prendre partie pour des camps incapables de faire des compromis. Parfois, il y en a qui sont prêt à faire des concessions, à discuter pour trouver des terrains d'entente, mais malheureusement, l'autre camp choisit de s'acharner et de faire mal volontairement à des innocents. Alors il faut bien se défendre, mais c'est un cercle sans fin et le serpent qui se mort la queue.

Je suis capable de résister longtemps, je suis capable de lutter, mais au bout d'un moment, il y en a marre. J'en ai marre de savoir qu'il y a encore des guerres sur terre alors que nous sommes sensés être civilisés. 

J'ai envie de leur dire : "Allez-y, mettez-vous sur le ring ou la montagne et battez-vous une bonne fois pour toute. Le hic c'est que ce sont toujours ceux qui n'ont pas envie de vivre la guerre qui en subissent les conséquences. Pourquoi ce sont à eux de se déplacer au risque de se blesser ? Faudrait qu'on leur trouve un terrain dans le désert et qu'on lance un appel d'offre à la baston entre tous ceux qui veulent se battre jusqu'à la mort. Qu'ils se mettent là, au milieu du sable, là où les innocents ne risqueront rien, afin que les habitants puissent reprendre une vie normale et construire une société où les droits humains seront respectés. Parce que plus ces gens ont envie de se battre et l'inculquent à leurs ados capable de devenir des criminels alors qu'ils ne sont même pas majeurs, plus il y a des pensées extrêmes qui se développent chez les gens au point de se dire que si ces gamins sont des monstres capables de violer des femmes, décapiter des bébés et torturer des hommes, alors il vaudrait mieux les euthanasier en tant que malades mentaux. Le témoignage que j'ai reçu était criant de désespoir et d'envie de violence par peur et instinct de survie. Ça laisse pantois et automatiquement ramène à la Seconde Guerre Mondiale avec l'euthanasie pour les personnes en fin de vie puis envers les handicapés, puis les homosexuels, puis, les religions différentes comme les témoins de Jéhovah, puis les philosophes des droits humains avec la franc maçonnerie, puis avec les résistants, les non obéissants et tous ceux qui dérangent. Moi, je mettrais bien dans un trou tous ceux qui obligent les femmes à se déshabiller mais aussi ceux qui les obligent à se couvrir, ceux qui interdisent aux femmes de montrer leurs cheveux et ceux qui leur impose de s'épiler les poils pubiens. Je mettrais dans ce trou ceux qui fracassent leur conjointe, ceux qui tapent sur leurs enfants, les pédo-criminels, les tueurs en série, les violeurs récidivistes. Et je m'arrangerais pour les faire disparaitre en une seconde pour ne pas qu'ils souffrent parce que se serait se rabaisser à leur niveau que de leur vouloir du mal. Ce ne serait pas une tuerie de masse, mais l'élimination d'un problème majeur. Quand une espèce devient nuisible et qu'elle empêche les autres espèces de se développer, on appelle les chasseurs pour qu'ils viennent les tuer. Si une espèce de criminels organisent du trafic humain qui va faire souffrir des enfants sur plusieurs générations à cause des traumatismes provoqués, alors elle est une espèce nuisible. Oui, si j'avais le pouvoir d'un Dieu, je ferais ça, à moins d'un miracle où toutes les consciences du monde deviennent lumineuses et que toutes les erreurs et les fautes soient effacées comme si elles n'avaient jamais existées. 

Quelques heures plus tard, "comme par hasard", dans mon flux d'actualité passait une information de 2022 mais que j'ai cru immédiate, sur tout un groupe d'oiseau tombant en masse au Mexique. C'était assez impressionnant à voir. Mes questions furent ? Y avait-il un problème dans l'air ? Était-ce le champ électro-magnétique qui les a réuni et lancé comme une boule de pétanque contre les maisons ? Était-ce le signe d'une catastrophe ayant entrainer leur panique ?  Hum., non, je n'ai pas eu de ressenti négatif en touchant l'oiseau et puis, son cas était unique, à ce moment-là. 

L'oiseau est aussi un animal totem qui aurait certains pouvoirs selon les cultures. En faisant quelques recherches, la première chose qui m'a sauté aux yeux, c'est son lien avec la colombe. C'est le même. Le pigeon représente la paix. Alors là, je me suis dis que c'était mauvais signe si la paix était au sol et qu'elle ne pouvait plus voler dans le ciel ! Mais dans le symbolisme, son pouvoir serait d'entrer dans votre vie lorsque l'on est noyé dans la déception. Ah ! Enfin quelque chose d'un peu plus rassurant ! Le pigeon viendrait nous rendre visite pour que l'on invoque l'esprit sain pour qu'il vole à notre secours et restaure la paix et le pardon.

Le pigeon symbolise la sagesse qui se gagne en faisant la distinction entre le bien et le mal. Il est le juste juge de la rédemption des défunts, rattaché à la Vierge Marie bénissant les femmes stériles en les rendant fertiles. Le pigeon est un guide spirituel indiquant la terre ferme. Le pigeon est un gardien du foyer capable d'avoir un point de vue en hauteur, de repérer les menaces et de déclencher les alarmes pour nous protéger. Ils sont des messagers divins. 

Rester ancré : les leçons des pigeons
La visite inattendue d'un pigeon peut nous rappeler de garder les pieds sur terre. Les pigeons sont des créatures résilientes, et leur présence nous montre que des résultats positifs sont possibles malgré nos défis.
Pour trouver la paix au milieu du chaos, inspirez-vous de nos amis à plumes : restez présent, faites confiance à votre voix intérieure et ne perdez jamais espoir.

Source : https://www.aucoeurdeleveil.com/signification-spirituelle-dun-pigeon-dans-la-Smaison/

Le pigeon est un oiseau complexe et intelligent qui a été associé à de nombreux dieux et des religions comme l'hindouisme, le bouddhisme et le christianisme. Il est, comme ceux qui étaient dans l'arche de Noé, un survivant du déluge. Il représente la persévérance. Il est capable de se souvenirs d'images durant des jours, même celles de son propre reflet. Il se souvient aussi de points de repères, donc il a une bonne mémoire ! C'est peut-être pour ça que l'on parle des pigeons voyageurs ! Je sais qu'il a été utilisé en temps de guerre comme agent de renseignement en transportant des petits messages. Il est incroyable de pouvoir domestiquer ainsi des pigeons ! Le pigeon a un sens de l'orientation infaillible et avec les petits brins de métal qu'il a dans la bouche, il peut "se relier" au champ électro-magnétique de la Terre. Le pigeon a aussi  une excellente ouïe, car il entend les basses fréquences des orages à distance ! Il est une boussole météorologique messagère à suivre !

Saviez-vous qu'à l'époque des Égyptiens, le pigeon-Bizet était utilisé pour transporter des informations ? Moi, non. Durant la Première Guerre Mondiale, des milliers de pigeons soldats furent ainsi mobilisés.

Des monuments commémoratifs leur rendent hommage à Lille ou à Charleroi, et Belgique. Le célèbre pigeon Vaillant a même été cité à l'ordre de la Nation pour avoir accompli une mission mortelle, à travers les gaz toxiques, en délivrant en 1916 à Verdun le dernier message du commandant Raynal. Une histoire que les colombophiles du nord de la France et de Belgique connaissent bien, eux qui éprouvent une grande passion pour ce volatile messager, en temps de guerre comme de paix. 
Les pigeons ne sont pas sélectifs car ils tendent la main même à ceux avec qui ils ne s'entendent pas, faisant souvent fi des frontières et des différences pour répandre la charité et la droiture.

Source : https://asafacon.fr/pigeon-signification-spirituelle/

La semaine passée, 7 jours en arrière exactement, un pigeon a largué sa fiente sur moi, directement tombé du ciel. J'en étais surprise parce qu'en 48 ans de temps, c'était la première fois que cela m'arrivait. Et à part dans les films ou les avec les blagues, je ne l'avais jamais vu de mes propres yeux. En 7 jours de temps, non seulement le pigeon m'a envoyé... son engrais ? :-D mais en plus, mais en plus il est venu à mes pieds où j ai pu le caresser. Ça fait deux signes quand même !

Certains symbolistes, associe le pigeon à l'âme qui réside dans notre corps et ne quitte que lorsqu'on abandonne la vie. Pour ceci, près la guerre mondiale, symbole de la mort, le pigeon ou la colombe était utilisé comme symbole de liberté, de paix et d'amour.

Source : https://autourdelafrance.com/quel-est-le-symbole-du-pigeon/<br>

Mais alors, pourquoi l'expression "Ne me prend pas pour un pigeon" ou "se faire pigeonner" ? Parce qu'il y a des gens qui en prennent d'autres pour des cons à cause de leur naïveté, de leur bonté ou de leur gentillesse. Prendre quelqu'un pour un pigeon, c'est profiter de lui parce qu'on le croit idiot, c'est le tromper parce que l'on sous-estime son intelligence, c'est le duper parce que l'on est persuadé que le pigeon est trop bête pour s'en rendre compte. Mais si le pigeon est fragile, il a beaucoup de forces et ne laisse pas les mauvaises nouvelles l'abattre bien longtemps, car il est résilient. Il parait que dans la spiritualité, le pigeon indique par sa présence que la bénédiction d'autres animaux est en route. Les pigeons n'aiment pas la compétition, mais s'ils ont un rêve et un objectif, il s'y tiennent. Ils n'aiment pas les rapports de force, parce qu'ils sont sociables et aimants. Les pigeons ne font pas la guerre avec les autres oiseaux car ils aiment le monde et ont le cœur chaleureux.

Le pigeon est tellement génial de par ses capacités, qu'en Belgique, en 2019, un pigeon voyageur a été vendu 1,25 million d euro aux enchères... 

Eh oui... il y a des pigeons pour qui certains feraient n'importe quoi, pas dans le sens escroquerie financière, même si cela existe, mais plutôt dans le sens "Tu as un pouvoir/une capacité/une particularité et on va l'exploiter de gré, de gré non éclairé ou de force. Si on veut faire de toi un sujet d'études, un cobaye ou un agent, nous te domestiquerons comme un pigeon et si tu résistes, nous te pucerons et nous utiliserons des ultra-sons". C'est pourquoi il n'est pas bon, pour certains pigeons, de se faire remarquer par un centre de recherche, qu'il soit psychologique, paranormal, extraterrestre ou militaire, parce qu'ils se moqueront complètement de votre consentement à leurs expériences. 

Mais cette attention soutenue n'est pas suffisante pour expliquer leur incroyable pouvoir d'orientation. Celui-ci réside dans la capacité du pigeon d'enregistrer des valeurs du champ magnétique terrestre. C'est ce qu'on appelle la magnéto-réception. Comme s'il disposait d'un véritable système de navigation dans la tête, d'un GPS. Concrètement, le pigeon peut naturellement produire sous forme de cristaux biominéralisés de la magnétite, un dérivé du fer magnétique, qui fonctionne comme un micro-aimant.
« Plusieurs équipes ont recherché cette substance chez cet oiseau. Au cours des dissections, les localisations possibles du matériel magnétique étaient recherchées à l'aide de magnétomètres ultrasensibles, expliquant les auteurs d'une très sérieuse étude sur la colombophilie. Ces démarches ont conduit à la mise en évidence de deux structures de localisation différentes : une première dans la boîte crânienne, la seconde dans les muscles du cou. » (1)
Un pouvoir d'orientation qui est finalement tributaire de l'envie qu'a le pigeon de retrouver sa maison et notamment sa partenaire. C'est pourquoi les colombophiles emploient la méthode du « veuvage » toute la semaine précédant une course afin de séparer le pigeon de sa pigeonne. Une fois lâché au loin, il n'a qu'un désir : la retrouver.
Loin des yeux, mais pas forcément du cœur.

Note : 1) Florence Calvet, Jean-Paul Demonchaux, Régis Lamand et Gilles Bomert, « Une brève historie de la colombophilie », Revue des armées, 2007.

La technique du veuvage

C'est comme cela qu'agisse les sectes ou les mafias ou encore les groupes terroristes, ils éloignent le membre de la famille qu'ils veulent pigeonner et peuvent jusqu'à leur faire croire qu'ils sont tous morts, même si ce n'est pas vrai. Pourquoi ? Pour vous endoctriner, vous pousser à vous venger ou pire pour vous faire croire que vous êtes l'unique coupable de leur mort, afin de mieux vous manipuler. 

C'est pour cela qu'il vaut mieux se méfier de quelqu'un qui tente trop de vous faire remarquer les aspects négatifs de vos proches, alors qu'il n'y a pas de raisons apparentes comme des marques de violences ou de souffrances. Un "ami" qui vous demande de tester votre propre mère ou la sienne, votre propre père ou le sien, époux, fils, fille, etc. pour vérifier ce qu'il ferait si vous lui disiez telle ou telle chose qui n'ont pas eu lieu, ou qui vous pousse à dramatiser un évènement accidentel,  n'est pas un ami mais une personne qui a un objectif en tête, seule ou en réseau, qu'il soit criminel ou expérimental. Les amis, on les choisit. 

À savoir qu'il y a aussi des pigeons qui sont utilisés comme appât pour attraper un faucon. ça peut être pratique pour attraper le grand méchant loup, à condition que l'appât ait été prévenu avant, sinon, c'est prendre le risque de mettre la vie d'autrui en danger sans l'en avoir préalablement informé.

Pour finir cet article, je retiens que : 

Le pigeon est associé à la liberté, même s'il est monogame et fidèle. Et en plus, il est féministe car pour sa tribu, l'égalité des sexes est la règle ! 


Le nom italien du pigeon est Colombo. Colombo était le vrai nom de Christophe Colomb car quelque part, il était un pigeon voyageur lui aussi. Il était un messager de la découverte et non un agent du renseignement.


Une petite fable finale (et intuitive ?) :

L'Oiseleur, les Pigeons sauvages et les Pigeons domestiques
Un oiseleur avait tendu ses filets auxquels il avait attaché des pigeons domestiques. Puis il s'était éloigné, et il observait à distance ce qui allait se passer. Des pigeons sauvages s'approchèrent des captifs et se firent prendre dans les lacets. L'oiseleur accourut et se mit en devoir de les saisir. Comme ils adressaient des reproches aux pigeons domestiques, parce que, étant de la même tribu, ils ne les avaient pas avertis du piège, ceux-ci répondirent : « Nous avons plus d'intérêt à nous garder du mécontentement de nos maîtres qu'à complaire à nos parents. »
Ainsi en est-il des serviteurs : il ne faut pas les blâmer, quand, par amour de leurs maîtres, ils manquent aux lois de l'amitié envers leurs propres parents.
Ésope, (fin VIIè siècle - début VIe siècle av. J. C.) ; traduction par Émile Chambry, FablesSociété d'édition « Les Belles Lettres », 1927.

Pour ceux qui aiment lire, la littérature regorge d'histoire avec des pigeons :

Histoires naturelles (1874), Jules Renard

L'Odeur du soleil dans l'herbe  de Yves Paccalet, (Éditions Robert Laffont S. A., 1992)

- Debout les morts  (Éditions Viviane Hamy, 1995 ; Éditions J'ai lu, 2000), 

- L'Armée furieuse (Éditions Viviane Hamy, 2011) de Fred Varga 

Ce roman parle de la délinquance et de la cruauté sur les animaux où un commissaire va devoir arrêter une petite fille meurtrière car elle a fait du mal à un pigeon en lui attachant les pattes.

L"Inspecteur Ali et la C.I.A. de Driss Chraïbi (Éditions Denoël, 1997) 

Temps glaciaires (Éditions Flammarion, 2015) de Fred Vargas

Bitna, sous le ciel de Séoul (Éditions Stock, 2018), J. M. G. Le Clézio

Dans L'Armée furieuse (Éditions Viviane Hamy, 2011) de Fred Vargas, le commissaire Adamsberg s'intéresse à une délinquance jusqu'alors peu dénoncée : la cruauté sur les animaux, ici un pigeon. Celui-ci sera recueilli par le commissaire qu'il accompagnera pendant tout le roman.
" - Mais qu'est-ce qu'il a ce pigeon, bon sang, dit Adamsberg à voix basse. Pourquoi il ne vole pas ?
Lassé par l'indécision de la petite femme, le commissaire l'abandonna pour se diriger vers l'oiseau immobile tandis que Veyrenc le croisait de son pas lourd. [...] Tandis qu'il soulevait le pigeon figé dans le creux de ses mains, Veyrenc revenait vers lui sans hâte, suivi de la petite femme transparente qui respirait un peu vite. AU fond, elle se faisait si insignifiante qu'Adamsberg ne l'aurait peut-être pas repérée sans la robe à fleurs qui dessinait son contour. Peut-être que, sans la robe, on le la voyait plus.
- Un enfant de salaud lui a attaché les pattes, dit-il à Veyrenc en examinant l'oiseau sale.
- Vous vous occupez aussi des pigeons ? demanda la femme sans ironie. J'ai vu toute une quantité de pigeons ici, ça ne fait pas propre.
- Mais celui-ci, coupa Adamsberg, ce n'est pas toute une quantité, c'est un pigeon tout court, un pigeon tout seul. Ça fait la différence.
- Bien sûr, dit la femme.
Compréhensive, et finalement, passive. Peut-être qu'il s'était trompé et qu'elle ne finirait pas avec de la mie de pain dans la gorge. Peut-être qu'elle n'était pas une faiseuse d'embrouilles. Peut-être qu'elle avait bel et bien des ennuis.
- C'est que vous aimez les pigeons ? demanda la femme.
Adamsberg leva vers elle ses yeux vagues.
- Non, dit-il. Mais je n'aime pas les enfants de salauds qui leur attachent les pattes.
- Bien sûr.
- Je ne sais pas si vous connaissez ce jeu chez vous, mais à Paris, cela existe. Attraper un oiseau, lui attacher les deux pattes avec trois centimètres de fil. Alors le pigeon ne peut plus avancer qu'à tout petits pas, et il ne peut plus voler. Il agonise lentement de faim et de soif. C'est le jeu. Et moi j'exècre ce jeu et je trouverai le gars qui s'est amusé avec celui-ci.
Adamsberg passa sous la grande porte de la Brigade, abandonnant la femme et Veyrenc sur le trottoir. La femme regardait fixement la chevelure du lieutenant, très brune et striée de mèches rousses choquantes.
- Il va vraiment s'occuper de ça ? demanda-t-elle, déconcertée. Mais c'est trop tard, vous savez. Votre commissaire avait plein de puces sur les bras. C'et la preuve que le pigeon n'a plus la force de s'occuper de lui.
Adamsberg confia l'oiseau au géant de l'équipe, le lieutenant Violette Retancourt, aveuglément confiant dans ses possibilités de soigner l'animal. Si Retancourt ne sauvait pas le pigeon, personne d'autre ne pourrait le faire. La très grande et grosse femme avait grimacé, ce qui n'était pas bon signe. L'oiseau était en mauvais état, la peau de ses pattes avait été sciée à force qu'il s'épuise à les dégager de la ficelle, qui s'était incrustée dans les chairs. Il était sous-alimenté et déshydraté, on allait voir ce qu'on pouvait faire, avait conclu Retancourt. Adamsberg hocha la tête, serrant brièvement les lèvres comme chaque fois qu'il croisait la cruauté. Et ce bout de ficelle en faisait partie.
Suivant Veyrenc, la petite femme passa devant l'immense lieutenant avec une déférence instinctive. La grosse femme entourait efficacement l'animal de tissu mouillé. Plus tard, dit-elle à Veyrenc, elle s'attaquerait aux pattes, pour tenter d'en extirper la ficelle. Pris dans les larges mains de Violette Retancourt, le pigeon ne tentait pas un mouvement. Il se laissait faire, comme tout le monde l'aurait fait, aussi inquiet qu'admiratif.
[...]
Adamsberg se hâta vers le bureau de Retancourt, qui s'apprêtait à imbiber les pattes du pigeon.
- Vous l'avez désinfecté, lieutenant ?
- Minute, répondit Retancourt. Fallait d'abord le réhydrater.
- Parfait, ne jetez pas la ficelle, je veux des prélèvements. Justin a prévenu le technicien, il arrive.
- Il m'a chié dessus, observa tranquillement Retancourt. [...] Qu'est-ce qu'on fait pour le pigeon ? Je ne peux pas le garder chez moi, mon frère est allergique à la plume.
[...]
- T'as pigé ou non ? disait Retancourt au jeune homme sans ménagement. Tu mouilles des petits bouts de biscotte, pas gros, et tu lui enfiles tout doucement dans le bec. Ensuite quelques gouttes d'eau, à la pipette, pas trop au début. Tu y ajoutes une goutte de ce flacon. C'est un fortifiant.
- Toujours vivant ? s'informa Adamsberg, qui se sentit curieusement étranger dans sa propre cuisine, envahie par la grande femme et ce fils inconnu de vingt-huit ans.
Retancourt se redressa, posant ses mains à plat sur ses hanches.
- Ce n'est pas sûr qu'il passe la nuit. Bilan, j'ai mis plus d'une heure à désincruster la ficelle de ses pattes. Ca l'avait entaillé jusqu'à l'os, il a dût tirer là-dessus pendant des jours. Mais ce n'est pas cassé. C'est désinfecté, faut refaire le pansement tous les matins. La gaze est là, dit-elle en frappant une petite boîte sur la table. Il a eu un produit antipuce, ça devrait le soulager de ce côté.
- Merci, Retancourt. Le gars a pris la ficelle ?
- Oui. Ça n'a pas été sans mal, parce que le labo n'est pas payé pour analyser des ficelles de pigeons. C'est un mâle, au fait. C'est Voisenet qui l'a dit.
[...]
- Danglard ? Tout le monde dort chez vous ? Vous pouvez faire un saut à la maison ?
- Si c'est pour m'occuper du pigeon, c'est hors de question. Il est couvert de puces et j'ai un très mauvais souvenir des puces. Et je n'aime pas leur tête vue au microscope.
Zerk consulta l'heure aux montres de son père. 21 heures. Violette avait ordonné de nourrir et d'abreuver le pigeon toutes les heures. Il détrempa des fragments de biscotte, remplit la pipette d'eau, y ajouta une goutte du fortifiant, et se mit à la tâche; L'animal gardait les yeux clos mais acceptait la nourriture que le jeune homme entonnait dans son bec. Zerk soulevait doucement le corps du pigeon, comme Violette le lui avait montré. [...]
- Zerk se charge du pigeon. Et il n'a plus de puces. Retancourt a réglé le problème.
[...]
- Elle n'est pas très propre cette nappe, remarqua-t-elle.
- C'est le pigeon. Zerk nettoie comme il peut mais ses fientes attaquent le plastique. Je me demande ce qu'il y a dans les chiures d'oiseau.
De l'acide ou quelque chose comme ça. On fait quoi ? Je prends le boulot ou non ?
[...]
Leurs regards se portèrent ensemble sur le panier. Un panier à fraises grand format que Zerk avait vidé pour servir de couchette molletonnée au pigeon.
- Comment le trouves-tu ? demanda Adamsberg.
- Il frissonne, mais il respire, répondit prudemment son fils.
D'un geste furtif, le jeune homme effleura d'un doigt le plumage de l'oiseau avant de sortir. Doué pour cela au moins, pensa Adamsberg en regardant s'en aller son fils, doué pour effleurer les oiseaux, même aussi ordinaires, sales et moches que celui-ci.
[...]
Les deux hommes descendirent l'escalier et se penchèrent sur le panier à fraises. Il y avait du mieux, incontestablement. Zerk s'occupa d'ôter les pansements des pattes et de désinfecter pendant qu'Adasmberg passait le café.
- Comment va-t-on l'appeler ? demanda Zerk en enroulant une fine gaze propre autour des pattes. S'il vit, il faut bien qu'on l'appelle. On ne peut pas toujours dire "le pigeon". Si on l'appelait Violette, comme ta belle lieutenant ,
- Ca n'ira pas. Personne ne réussirait à attraper Retancourt et à lui lier les pattes.
- Alors appelons-le Hellebaud, comme le type dans l'histoire du commandant. tu penses qu'il avait révisé ses textes avant de venir ?
- Oui, il a dû les relire.
[...]
La Brigade s'emplissait peu à peu, Adamsberg arrivant le plus souvent en avance. La masse de Retancourt bloqua un instant la porte et la lumière et Adamsberg la regarda se diriger sans grâce vers sa table.
- Le pigeon a ouvert les yeux ce matin, lui dit-il. Zerk l'a nourri pendant toute la nuit.
- Bonne nouvelle, dit simplement Retancourt, qui n'était pas une émotive.
- S'il vit, il s'appellera Hellebaud.
- Aile Beau ? Ça n'a pas de sens.
- Non, "Hellebaud", en un seul mot. c'est un prénom ancien. L'oncle ou le neveu de je ne sais plus qui.
[...]
- Hellebaud s'est mis sur ses pattes, lui expliqua le jeune homme. Il a avalé ses grains tout seul. Seulement il a chié sur la table après.
- C'est comme cela quand la vie revient. Mets un plastique sur la table en attendant. Tu en trouveras dans le grenier. Je ne rentre que ce soir, Zerk, je suis sur le chemin de Bonneval.
[...]
- le Pigeon a beaucoup aimé l'idée de pigeon, dit Zerk à Adamsberg à voix basse et naturelle, je les ai laissés en grande conversation. Hellebaud adore quand le Pigeon fait du yo-yo. Quand la bobine se pose au sol, il la picore de toutes ses forces.
- J'ai l'impression qu'Hellebaud s'éloigne de son chemin de nature. On attend le capitaine Émeri.
[...]
- Et le pigeon, qu'est-ce qu'on fait du pigeon ? demanda soudain Zerk, alarmé.
- Tu l'emmènes à Grenade. C'est ce qu'on a dit
- Non, l'autre. Qu'est-ce qu'on fait d'Hellebaud ?
- Tu nous le laisses. Tu vas te faire repérer avec ça.
- Faut encore lui mettre du désinfectant sur les pattes tous les trois jours. Promets-moi que tu le fais, promets que t'y penses.
A presque 4 heures du matin, Adamsberg et Veyrenc regardaient s'éloigner les feux arrière de la voiture, le pigeon roucoulant dans sa cage à leurs pieds.
[...] Les empreintes effacées, la vaisselle faite à l'eau bouillante, les draps ôtés - avec charge pour les jeunes gens de les jeter à plus de cent kilomètres d'Ordebec - les scellés posés. Restaient les crottes d'Hellebaud, qu'ils avaient raclées comme ils avaient pu, mais il en demeurait des traces. il avait demandé à Veyrenc s'il connaissait des traces. Il avait demandé à Veyrenc s('il connaissait le secret de la résistance phénoménale des fientes d'oiseau, mais Veyrenc n'en savait pas plus que lui là-dessus.
[...]
En revenant vers sa chambre, Adamsberg se souvint qu'il avait oublié de donner des grains au pigeon la veille. Et sa fenêtre était restée ouverte.
Mais Hellebaud s'était couché dans une de ses chaussures, comme d'autres congénères s'installeraient sur le haut d'une cheminée, et l'attendait patiemment.
- Hellebaud, dit Adamsberg en soulevant la chaussure et le pigeon, et en posant le tout sur le rebord de la fenêtre, il faut qu'on parle sérieusement. Tu es en train de sortir de l'état de nature, tu es en train de dégringoler sur la pente de la civilisation. tes pattes sont guéries, tu peux voler. Regarde dehors. du soleil, des arbres, des femelles, des asticots et des insectes à foison.
Hellebaud émit un roucoulement qui parut de bon augure et Adamsberg le cala plus fermement sur l'appui de la fenêtre.
- Décolle quand tu veux, lui dit-il. Ne laisse pas de tout, je comprendrai.
[...]
Hellebaud avait laissé dans la chambre des singes de sa promenade matinale en abandonnant des graines un peu partout. Mais il était revenu occuper la chaussure gauche et roucoula à la vue d'Adamsberg. Cette affaire de chaussure, si contre nature fût-elle, avait au moins un grand avantage. Le pigeon ne déposait plus ses fientes à la volée dans toute la pièce, mais strictement dans cette chaussure. Quand il aurait dormi, l gratterait l'intérieur. Avec quoi ? se demanda-t-il en se roulant dans le trou du matelas. Un couteau ? Une petite cuiller ? Un chausse-pied ?
[...]
- Regarde, lui dit Adamsberg à voix basse, en lui attrapant le bras. Hellebaud sort.
Et en effet, le pigeon s'était éloigné jusqu'à deux mètres du seuil de la chambre.
- Tu as mis des grains jusque-là ? demanda Veyrenc.
- Non.
- Alors c'est qu'il cherche des insectes par lui-même.
- Des insectes, des crustacés, des arthropodes.
- Oui.
[...] Veyrenc et lui se quittèrent à la tombée de la nuit. Adamsberg se chargea de fermer la maison, sans y mettre aucune hâte. Il rangea la cage à oiseau dans le coffre, transporta Hellebaud dans la chaussure et l'installa sur le siège avant. Le pigeon lui paraissait à présent suffisamment civilisé, c'est-à-dire dénaturé, pour ne pas se mettre à voleter durant le voyage.
[...]
Adamsberg referma la porte après son départ, s'adossa au battant pour empêcher toute intrusion, et déplia le message. Mo y avait écrit, en toutes petites lettres, le détail de son raisonnement sur la ficelle qui avait ligoté les pattes du pigeon Hellebaud. A la fin de son billet, il avait noté le nom et l'adresse de l'enfant de salaud qui avait fait cela. Adamsberg sourit et enfonça soigneusement le papier au fond de sa poche.
[...]
Zerk, revenu de son voyage sentimental en Italie, l'appela de Paris pendant le repas pour lui annoncer qu'Hellebaud avait décollé et était parti pour de bon. Une excellente nouvelle, mais Adamsberg sentit du désarroi dans la voix de son fils.
[...]
Il se passa encore trois semaines et cinq jours avant qu'Hellebaud, le pigeon, ne réapparaisse un matin sur l'appui de la fenêtre de la cuisine. Un chaleureux bonjour, une visite très agitée. L'oiseau picora les mains de Zerk et d'Adamsberg, fit plusieurs fois le tour de la table, raconta sa vie au long de multiples gloussements. Une heure plus tard, il décollait à nouveau, suivi par les deux regards songeurs et vides d'Adamsberg et de son fils."


Source : https://www.luminessens.org/post/2017/03/16/le-pigeon