4- Ad-Dicere, l'addiction qui tue

Quelle est cette dette impossible à rembourser, qui contraint l'être humain à perdre sa liberté dans une toxicité telle qu'elle lui donnera l'impression de retrouver cette liberté perdue ?
L'addiction est le déplacement psychique d'un trouble toxique sur un produit ou un comportement licite ou illicite, qui activera le psychê de la personne, lui permettant alors de retrouver par la sensation, une part perdue de son histoire. C'est une tentative de neutralisation du toxique en soi, dans l'espoir inconscient de pallier un mal-être.
Elle est un mécanisme de défense contre la dépression mais aussi ce qui l'y maintient. Le dépendant y perd sa liberté pour tenter de retrouver son identité, mais c'est une solution dont l'extraction est difficile car l'idéal virtuel qu'il y trouve ne rejoint pas la réalité. On peut voir l'addiction comme un instinct de survie qui cherche à se procurer ce qui permet au mental de se raccrocher à la vie.
Le désir de possession qui prend le pouvoir sur soi est caractéristique d'un syndrome de dépendance. On le reconnait à l'existence d'un désir dont la pertinence empoisonne la réalité du sujet, quand le bénéfice ressenti semble dépasser les conséquences néfastes de l'intoxication. Elle est la manifestation d'une habitude dénaturée, pathologique, morbide.
Ces sensations sont expliquées par les addicts aux jeux de rôles virtuels. On les retrouve chez les addicts à la cocaïne, à l'alcool, à certains médicaments, au sexe, aux émotions fortes. Et si la pathologie s'aggrave, alors la perte du pouvoir de possession peut se transformer en désir de vengeance et devenir un fléau pour les autres.
Dans le pire des cas, lorsque la névrose de compulsion devient une perversion, la personne peut se mettre à détruire, à violer ou à tuer.
L'addiction est une illusion réelle, un instinct de mort dans un instinct de survie, une anesthésie temporaire à ce qui est difficilement supportable. On la trouve dans ce qui vient combler un manque ou enlever un trop. ça peut être une drogue douce ou une drogue dure, du café ou dans une relation où la dépendance affective sera prioritaire sur un amour réciproque. Dans ce dernier cas, l'addiction affective est un substitut qui peut rendre toxique une relation de couple, car lorsque le dit substitut s'absente ou s'en va, le dépendant dépossédé doit faire face à une crise de manque. Pour celui qui a des difficultés à gérer ses émotions, le risque est qu'il cherche à récupérer "sa dose d'amour", qui le satisfaisait au moins sur un plan et dont il se convainc être le propriétaire. Et c'est à cause de ce sentiment de possession que certaines aventures conjugales ou mariage se terminent en drame.
Ce schéma regroupant les failles narcissiques, les difficultés d'introjecter l'objet, et l'impossibilité de s'en séparer sans un effondrement dépressif, est retrouvé dans les recherches sur l'addiction au virtuel technoscientifique.
Il interroge sur le virtuel et donne une piste de réflexion intéressante concernant les pathologies "au plus près du corps" comme les addictions : « L'adolescent imagine les convenances de la fabrication du corps, leurs causes et leurs effets assurément interprétés comme externes. Ces conduites envahissantes et exigeantes en pensées et en actes peuvent chercher l'asymptote d'une virtualité pure [...] produisant alors un fantasme d'ascétisme » (p. 151). Ainsi, en incarnant des avatars, le joueur peut ressentir, comme nous dit Michael Stora (2004), « une impression soit de légèreté corporelle soit de puissance » (p. 73). Sources : https://www.academia.edu/29448166/PASSION_VIRTUELLE?email_work_card=title
Je m'intéresse aux mécanismes de dépendance, en particulier à l'appétit démesuré pour le pouvoir, qui peut entraîner une déformation de la réalité et à des comportements préjudiciables.
Cela correspond à une addiction où le plaisir instantané prime sur les conséquences négatives. Elle peut prendre diverses formes (jeux vidéo, drogues, sensations fortes, sexe, etc.). Le parallèle avec les addictions concerne un appétit déformé, qui peut conduire à une perte de contrôle, évoluant ainsi vers un comportement compulsif.
Le désir possessif peut conduire à l'animosité, à la jalousie, voire au meurtre (destruction, violence). Nous devons donc rester vigilants face à ces excès, car ils peuvent avoir des conséquences dramatiques sur notre équilibre mental et nos interactions sociales. Un désir excessif peut se transformer en obsession, affectant l'équilibre mental et, dans les cas extrêmes, entraîner des comportements violents. La dépendance peut ainsi perturber l'univers émotionnel et les relations interpersonnelles.
D'après la psychanalyse, l'addiction se manifeste comme un trouble émotionnel caractérisé par une frontière floue entre subsistance et auto-destruction, notamment dans les liens amoureux. Elle sert souvent de refuge contre une détresse émotionnelle, mais ne représente qu'une illusion de sécurité.
L'attachement émotionnel, qui tente de pallier un déficit affectif, peut s'avérer nocif dans une relation amoureuse. Quand quelqu'un s'approprie le sentiment amoureux de son partenaire, il risque de mélanger véritable affection et domination, engendrant ainsi un équilibre précaire où l'amour devient une dépendance.
Ce type de lien émotionnel peut conduire à une dépendance, car l'individu se repose sur autrui pour assouvir ses désirs affectifs et attentifs. Lorsque cette source devient indisponible, elle peut éprouver une grande tristesse, voire des réactions exagérées. L'absence de contrôle dans les relations amoureuses peut aussi entrainer des tensions au sein de la famille.
Mettre en lumière les risques associés à une vision unique de l'amour, qui peut engendrer une dépendance émotionnelle préjudiciable, tant pour l'individu que pour sa relation, revêt une importance capitale. Il souligne la complexité de réguler ses sentiments et d'atteindre un équilibre entre le bien-être personnel et des liens authentiques.