44- Par le talon d'Achille (ache-il)

29/04/2024

        Selon une croyance ethnique, 

lors de la mort, l'âme quitte le corps par le talon.

Selon la mythologie, le fleuve des Enfers, appelé Styx, sépare le monde terrestre de celui-ci. Il se déverse dans une rivière de flammes, le Phlégéthon, où les agresseurs sexuels sont flagellés par un feu liquide qui les maintient suffisamment en vie pour subir les supplices du châtiment. On y trouve aussi de futurs héros qui endurent les tourments pour survivre. Le chemin de l’univers choisi par Charon dépendra de la pesée de l’âme du mort qu’il fait passer dans sa barque. Les morts traverseront donc les Enfers soit pour être punis, soit pour devenir plus forts. Quoi qu’il en soit, tous ceux qui sont dans l’hybris, parce que leurs excès de pouvoir les ont menés à la violence, afflueront dans la rivière de chagrin, dont les larmes des morts alimentent le Cocyte. Ce sont elles qui amortiront la chute de ceux destinés à ne pas être noyés, mais au contraire à sortir du fleuve. Ils tomberont ensuite dans le torrent des lamentations, avant de se laisser aller dans le ruisseau de l'oubli.

Tout être vivant qui ne serait pas mort et qui entrerait dans ce fleuve en sortirait invulnérable. 

La mère de Ligyron (qui s'appellera plus tard Achille) voulait le rendre invincible et le plongea dans le fleuve tout en le tenant par le talon.  C'est la seule partie de son corps qui ne fut pas mouillée ; le seul endroit vulnérable. Et c'est par son talon qu'Achille mourra transpercé par une flèche d'Apollon/Hercule, car s'il était presque parfait, il n'en demeurait pas moins mortel, par ce bout de pied. 

Achille fut instruit en art de la médecine, en modération, en résistance (aux passions et à la douleur), en horreur du mensonge, mais aussi en douceur et en persuasion.

Le prénom Achille 

trouve sa racine dans le mot "Ache", 

La ache est une une plante aromatique, ombellifère et toujours verte. Les Grecs en couronnaient les vainqueurs des jeux "Isthmiquès".

Peut-être lui a-t-on donné le prénom « Ache-il » (il est Ache) parce qu’il souffrait et qu’on lui a mis du persil sur la plaie ? En anglais, « Ache » signifie « avoir mal » (he hached for him). En ancien français, la hache était « axis », une planche de bois, qu’on lui aura peut-être mise sous le pied ou contre la cheville pour le soulager. S’il s’est pris une flèche dans le tendon, il devait souffrir. L’histoire racontée en relai expliquera ensuite comment le tendon Ach il aura été soigné. Achille est une douleur ; il est un remède à base de telle plante et il est une planche de bois pour bloquer l’endroit blessé. Le même mot sera transmis dans toutes les contrées, mais c’est la traduction qui changera chez les uns et les autres. Lorsqu’on veut connaitre l’histoire d’un mythe ou d’un mot, il faut aller puiser dans toutes ses traductions. Par exemple, en portugais, si on remonte l’étymologie du mot, en passant par acre, puis par adflare, on arrive à adflo pour « souffler ». Ce qui est logique ! En effet, que faisons-nous lorsque nous avons mal quelque part ? On souffle dessus. En picard, « Ache » signifie « anniversaire ». On peut supposer qu’à chaque anniversaire de la chute du héros face à Ulysse, on se souvenait que même l’invulnérable avait un point faible et que tout homme de pouvoir pouvait tomber.

Cette affaire fut si importante qu’elle en devint un symbole dont on parle encore aujourd’hui. Être blessé au talon d’Achille, c’est être blessé dans son orgueil. Sur le plan symbolique, le talon d’Achille permet de prendre de la hauteur. Mettre la barre trop haut en voulant faire ce qu’au final on ne peut pas, être humilié, ne pas se sentir à la hauteur est un ressenti susceptible de retomber dans le somatique au niveau du tendon d’Achille. 

Cette histoire de barre se retrouve dans les sauts en hauteur aux Jeux olympiques. Qui va passer au-dessus de la barre la plus haute ?

Les Jeux isthmiquès font partie des quatre grands concours panhelléniques de la Grès antique avec : les Jeux olympiques, les concours pythiques et les concours néméens.

Les concours pythiques étaient organisés en mémoire de la victoire de Dieu sur le serpent et celle d’Apollon sur le Python. Il s’agissait peut-être également d’un concours de perspicacité : le mot « pythie » évoque un oracle. Il fallait donc sans doute être rusé pour vaincre le dragon. Les Jeux pythiques étaient aussi appelés les Jeux delphiques, qui représentent les domaines de l’art et de la guérison.

Les concours néméens avaient lieu en souvenir des guerriers morts pour le salut de la patrie. Celui qui présidait les jeux portait les habits de deuil. Les vainqueurs étaient couronnés d'Ache mortuaire. Par la suite, les symboles de l’achèvement, de la douleur et du bois seront représentés par la hache que nous connaissons aujourd’hui. Cette dernière est utilisée pour fendre le bois, mais elle fut aussi employée comme arme de guerre dans de nombreuses batailles. La hache est une arme de rustre ; voir le manuscrit bourguignon « Le Jeu de la hache ». 

L’Ache joue aussi un rôle important dans les cérémonies funéraires, en indiquant l’état d’éternelle jeunesse auquel vient d’accéder le défunt. 

Ces jeux permettaient de faire des trêves entre les pays en guerre. Qui sait si cette année, avec les Jeux olympiques des temps modernes, certains pays en guerre feront une trêve qui durera longtemps…

Le nom de Némée rappelle le mythe du lion Némée. Tuer le lion et ramener sa peau était le premier des douze travaux d’Héraclès (Hercule).

Les jeux isthmiques étaient principalement de nature religieuse. L’origine de ces jeux remonte à un conflit entre Poséidon et Hélios pour la possession de Corinthe : l’isthme de Corinthe, une bande de terre reliant le Péloponnèse à l’Hellade. 

En 1304, un grand tournoi fut organisé sur l’isthme de Corinthe par les princes d’Achaïe. Plus d’un millier de chevaliers des États latins s’y réunirent. Ce tournoi constitua une sorte de chant du cygne, en tant que victoire de la domination franque sur la Grèce, reconquise par les Grecs en 1417, avant d’être longuement dominée par les Turcs à partir de 1460.

Le chant du cygne est un chant ou une action que l’on effectue avant sa retraite ou sa mort. C’est la dernière œuvre ou la plus belle, le dernier témoignage, l’œuvre testamentaire. Le chant du cygne est également consacré aux originaux qui ne trouvent pas leur place nulle part ailleurs.

Pourquoi les participants aux Jeux olympiques étaient nus ?

Au départ, les Jeux olympiques étaient très patriarcaux : les femmes mariées n’avaient pas le droit d’y assister ni même de se montrer dans l’Atlis sous peine d’être précipitées du haut du rocher du Typaion ! Ce crime féminin faisait partie des 14 points du serment olympique qui régissaient l’organisation des jeux depuis 338 av. J.-C. Il y a des époques où il valait mieux rester célibataire !

Toutefois, il semblerait qu’il y ait eu quelques noms de femmes dans le palmarès des vainqueurs de courses de chars ; cela était dû au fait que le nom du conducteur était celui d’un homme propriétaire de l’attelage. La nudité des athlètes lors des épreuves est parfois expliquée comme une conséquence de la victoire d’une femme lors d’une olympiade, alors que les participants concouraient encore vêtus. Cette pratique serait donc une solution pour exclure à coup sûr les femmes des épreuves.

Mais aucune explication sérieuse sur ce sujet n'a encore été donnée, les Grecs se contentant eux-mêmes d'anecdotes peu convaincantes. ( Maurice Sartre, « Les athlètes couraient aussi pour l'argent… », Les collections de l'Histoire, no 20,‎ juillet-septembre 2008, p. 40.=

Et c’est pourquoi, un jour de désespoir, une femme se mit à courir nue entre deux armées, ce qui fit fuir les soldats et arrêter la guerre. Question : les femmes doivent-elles se mettre nues pour que les hommes arrêtent de faire la guerre ? « Faites l’amour, pas la guerre », dit le dicton.

Achaïe 

" En 1304, un tournoi est organisé sur l'isthme de Corinthe par les princes d'Achaïe"

Que signifie le mot "Achaïe" ?

Sachant qu’un des mots qui en a dérivé est « archaïque » de la famille de « achaïque », on peut déjà en déduire que le mot est ancien. Les Achéens étaient les membres du peuple indo-européen qui avaient pour projet de refonder une grande ville sur les ruines de l’ancienne Sybaris (la Calabre en Italie). 

Le nom "achaïque" désignait une des dix tribus de la colonie grecque, il y a environ 450 ans avant J.-C. : arcadique, achaïque, éléenne, béotienne, amphictyonique, dorique, iade, athénaïque, euboïque et nésiote. 

Le panhellénisme de la colonie grecque était le même que chez les Juifs et les Arabes d’aujourd’hui : leur doctrine politique vise à les réunir tous ensemble. Mais durant l’impérialisme athénien, tout le monde n’était pas d’accord. Les Spartiates ont refusé d’envoyer des colons (alias des soldats ?). De la même manière, les Corinthiens étaient hostiles à la colonisation, car elle menaçait leurs affaires. Pourtant, la colonie était destinée à repeupler un site ruiné, car il avait été inondé des dizaines d’années auparavant. Les citoyens de Thourioi étaient divisés en dix tribus de douze quartiers dans la grande cité devenue indépendante, ce qui ne fit pas plaisir à l’Italie qui fit se battre « Tarente » contre eux. À la suite d’une révolution sociale, le régime politique changea et l’oligarchie aristocratique devint une démocratie.

Après la guerre contre Pyrrhus, Thourioi a vu naître des lois. Stobée rapporte une loi de Thourioi sur l’ingérence du voisinage en cas d’aliénation foncière et une autre d’Enos sur les droits du propriétaire, issues du « Traité des lois » : à Thourioi, lors d’un contrat d’aliénation foncière, le vendeur et l’acheteur doivent donner à trois des plus proches voisins une pièce de monnaie à chacun en attestation et témoignage du contrat, auquel ils sont personnellement étrangers.
Les trois voisins peuvent être légalement sanctionnés s'ils refusent de recevoir la pièce de monnaie, s'ils la reçoivent deux fois du même vendeur, ou s'ils refusent d'attester le droit de l'acheteur après l'avoir reçue.

L’Antiquité a vu naître l’archéologie. Dans le gnosticisme, les Archontes sont les bâtisseurs de l’univers physique. Peut-être s’agit-il d’une référence à la construction de la grande ville de Grèce et au fait qu’ils en étaient non seulement les maîtres d’œuvre, mais aussi les dirigeants qui s’occupaient de tout. Le mot « Archontat » désigne une période de transformation de la royauté qui a établi un collège de neuf archontes dont l’archonte-roi jugeait les crimes d’impiété et les homicides (procureur ?). L’archonte éponyme était le magistrat chargé de protéger les veuves et les orphelins (le juge des affaires familiales ?). Le « polémarque », quant à lui, était le chef des armées qui jugeait les citoyens et les étrangers. Les six autres sont les « Thesmothètes », les gardiens de la loi et les avocats de la démocratie. Ce sont ceux qui ont le pouvoir de changer les choses dans la juridiction (les députés ?). Ils étaient les politiciens élus par un tirage au sort. On les reconnaissait à la couronne de myrte qu’ils portaient autour de la tête.

L’Achaïe représente le symbole du traité des lois pour lutter contre les souffrances, en souvenir de ceux qui ont souffert.


Source :

* Wikipédia

https://www.alex-bernardini.fr/mythologie/achille.php

C. Frazee, The Island Princes of Greece. page 36

* https://fr.wikipedia.org/wiki/Archontat