
50- RA conte un con-comte
Il était une fois une histoire de cons, de comtes et de contes.
Un comte est un con qui va et qui vient. Cependant, tout con n'est pas comte. En revanche, le con comme le comte peuvent tous deux raconter un conte.
Un comte avec un M est un con dont les compétences le distinguent. Il est un digne compagnon capable de rendre la justice, de juger des affaires, de détenir une charge publique et même, d'escorter un roi, le faisant ainsi mériter méritant un titre de noblesse.
Un con, quant à lui, trouve sa place dans la confrérie des Conards, qui tournent à la dérision les moralités et les mystères lors de processions théâtrales en jouant la mascarade du diable. Ainsi, les assoiffés de rires et de réflexions sont alors altérés par ces cons qui parodient ce qui est à déplorer : pleurer la mort de sa femme en couche ou applaudir la naissance de son enfant ?
Pleurer les violences subies ou applaudir l'œuvre qui en a découlé ?
Tout noble qu'il soit, un comte peut se charger d'une étable et nettoyer une écurie, car il prend soin de sa monture et de la demeure de celle-ci. Hautement gradé, un comte peut commander une armée, régler les problèmes entre les chevaliers et les nobles car il a un pouvoir de police et une fonction de ministre. Mais il sait aussi suivre une histoire et nous la conter...
Un conte est le récit d'aventures réelles ou imaginaires, mêlant le vrai et la merveille. Un conte est fait pour divertir, il est simple et même s'il raille et médit, il reste plaisant. Tout est dans le ton et la façon de le dire.
Hier, à l'arrêt du bus, une femme d'un certain âge, à l'allure joviale, se donna l'excuse que le français est connu pour être râleur, et se mit à râler, pire, à lancer des insultes. Elle s'imaginait taper de sa canne le chauffeur de bus en retard, elle traitait les non votants de tarés et évoquait le nom d'un homme politique qui ferait mieux de s'expulser lui-même.
Malgré que je n'aime pas les gros mots, son naturel m'a donné à sourire, ainsi qu'aux autres présents.
J'ai connu d'autres personnes qui tenant le même discours, m'auraient casser les oreilles et donné envie de fuir, mais elle, non. Je suppose que l'intonation de la voix y est pour quelque chose. En fait, elle n'était pas un con qui saoulait le monde mais un genre de comtesse s'amusant à jouer au con.
A côté d'elle, une personne avec sur les yeux une paire de lunettes aux loupes démesurées, je dirais même provoquées comme tout ce moment (faut pas me prendre pour une con, même si j'en suis une), se plaignant de passer sa journée à voir des escarres sur les petits vieux dont "iel" s'occupe toute la journée. Iel se plaignait de ce qui était autant peu ragoutant que certainement douloureux, des douleurs des patients comme des siennes, mais sa façon de le faire, était, comme pour la râleuse d'à côté, plaisant.
Sous le froid et face au retard du bus, ces deux énergumènes firent passer le temps aux gens les entourant, à écouter leurs plaintes humoristiques au lieu peut-être de s'apitoyer sur eux-mêmes et de piétiner. Ces personnes ont dit tout haut ce que beaucoup pensent tout bas.
Il est heureux cependant que tout le monde ne fasse pas de même car sans un minimum de talent d'orateur, l'humour peut laisser place au dérangement. D'autres auraient fait de même, cela ne serait pas passé.
(P.S : ne sachant si l'individu était de sexe masculin ou féminin, je l'écris "iel")
Malgré tout, j'ai pu compter que le mot taré était trop répété. Il ne faudrait pas que ce petit spectacle soit récurrent, du moins avec l'insulte, car sans l'insulte, la comtesse un peu conne peut revenir me faire rire sans soucis.
Le mot conter provient du latin computus de computo qui signifier calcul ou compter (avec un p), c'est pourquoi les mots comptent autant dans un conte, car s'ils se content, ils se comptent aussi. Un mot dont le ton et le nombre est trop ou pas assez, peut vite devenir un maux blessant à défaut d'être un maux passant.
Je constate avec joie que ces personnes bramaient pour plaisanter et non pour écorcher et c'est ce qui fait toute la différence entre un Conard avec un n et un connard avec deux n.
J'ai une pensée pour Bernard Pivot et sa dictée en écrivant ces histoires de cons...
Quant à moi, je suis si con, moi qui suis né d'un con, que de la naissance d'un con, je peux conter l'histoire d'un con qui aurait voulu être un comte et celle d'un comte qui aurait préféré être un con. Et voilà que je me retrouve à conter les cons et les comtes quand d'autres passent leur temps à compter les moutons...
Il était une fois, un conte sur la connaissance de comtes et de cons suivant leur voix sur la voie de leur destinée, le destin né de leur propre verbe. Le pauvre con étant un con qui est déverbalisé.
- Et ils n'ont toujours pas compris qu'on ne saurait faire céder un ministre avec du blablabla, qu'on ne saurait changer la vie sans changer celle des cons aussi, et qu'on ne saurait vivre ses désirs sans foutre en l'air ce qui les entrave ! — (Robert Dehoux, Le zizi sous clôture inaugure la culture, 1999)
Qui raconte ça ? Ra est celui qui conte depuis 1001 nuits.
Par la lumière du sol-eil, Ra est le porteur de connaissances. Il fait naitre la connerie.
Ra conte qu'un bon con-comte entoure, enveloppe et maintient unis ceux qui l'écoutent. Il n'est pas là pour raconter des pipes ou conter fleurettes. Il ne cherche pas à convaincre. Un bon conte tient ensemble et relie et à dire vrai, un bon con et un bon comte font de même : ils conservent et gardent intact leurs troupes. Ils sont près de leur public parce qu'ils communiquent (com-munis) ce qu'il y a en commun entre eux. Un bon con, un bon comte ou un bon conte est une compagnie qui vous suit, qui vous accompagne comme (comes) un comte escorte quelqu'un qui en a besoin. Un bon conte est comme un ami, un associé, un pédagogue qui en accompagne un autre.
Selon Comte, un autre con devenu comte par ses talents de sociologue et de philosophie, nous sommes tous héritier et critique des conneries de nos ancêtres. Pour lui, les connaissances que l'on acquière sont mises à l'épreuve des faits. Il y a des relations entre les phénomènes comme entre les individus et si on doit mettre l'accent sur la relation de cause à effet, rechercher la cause première plutôt que présente, retarde les progrès de l'esprit. Reprocher durant des millénaires à Adam d'avoir mangé la pomme d'Eve en se demandant éternellement pourquoi, ne va pas aider les hommes d'aujourd'hui à ne pas sauter trop vite sur les Eve qui les font rêver, même si la vie se croque à pleine dents comme dans une pomme. Il y a ce qui existe et il y a ce qui devrait être. Ce qui a été a été. L'esprit humain n'est plus sous la tutelle des dogmes théologiques -(à part dans les pays qui ont fait de la religion une dictature politique ou les sectes), mais peut-être l'est-il encore un peu sous celle de la fiction et de l'abstraction. Que reste-t-il ensuite, quand l'esprit s'est manifesté par sa science (d'où l'expression "arrête ta science", lorsque l'on raconte tout ce qu'on sait).
La loi des trois états est étayée aussi bien par la considération de l'histoire des sciences et des conceptions humaines que par l'histoire individuelle de chaque homme. En effet, chacun se souvient, lorsqu'il s'agit d'expliquer un phénomène, avoir été théologien dans son enfance, métaphysicien dans son adolescence et enfin scientifique dans sa maturité. L'expérience de la folie, Comte le confesse lui-même, nous donne un indice supplémentaire de cette loi, en nous permettant d'expérimenter une régression temporaire dans les états de nos conceptions.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Loi_des_trois_%C3%A9tats
Le mythe d'Er (petite pensée pour l'article précédent : Etre ER, un mythe ou une réalité ? ) serait un échantillon de poésie socratique, une poésie « utile aux États et à la vie humaine » qui vise à remplacer la poésie d'Homère relative à l'Hadès (l'enfer), trop effrayante, avec la peur de la mort, par le courage des gardiens de la cité préférant la mort à l'esclavage.
« Ainsi, le véritable esprit positif consiste surtout à voir pour prévoir, à étudier ce qui est afin d'en conclure ce qui sera, d'après le dogme général de l'invariabilité des lois naturelles. »
En réalité, il semble que la loi des trois états dispose d'un statut double : vérifiée à l'échelle individuelle, elle l'est également à l'échelle sociétale. C'est même le partage des connaissances vraies qui oriente cette loi et empêche toute régression d'un état supérieur à un état inférieur.
— Auguste Comte, Discours sur l'esprit positif
Moralité des 1001 contes du con-comte :
La vie est une farce qui n'est bonne que si elle est bien cuisinée. Elle est un ouvrage qui rapporte l'idée de soi-même, l'id de son entité. Mais c'est sa dialectique qui détermine la philosophie de la vie, qui si elle ne peut pas être comprise par tout le monde, doit être inculqué grâce aux mythes, pour marquer les âmes et ne pas oublier certains principes de vie.
La vie est une thèse. Elle est le dictionnaire de notre histoire, la biographie de notre individualité dont la personne est une analogie d'une autre par réalités interposées, par miroir déformé ou effet réel. La ressemblance n'est pas l'identique du soi. Quand une personne progresse, elle évolue. L'évolution subi des modifications et dans sa continuité, se spécialise avec le temps.
Je suis devenue spécialiste de ma thèse exploratoire. Ma thèse de vie est le recueil de mon érudition, elle est mon logos, mon con, mes contes. Elle traite la philosophie de mon être. Je me suis étudier vivante.
Je pense que même sans avoir été à l'université, on peut faire des cours universitaires, se cultiver comme un jardin, enlever les mauvais herbes et y faire pousser les bonnes graines. Je suis thésarde de ma propre vie et même si j'ai eu des loupés et que j'ai des défauts, même si je n'ai pas de profession, cela ne m'a pas empêché de professer à mansion (à la maison) en étant prof de moi-même et en cumulant les trésors que j'ai déposé dans le coffre de mon esprit (et sur mes cahiers et mon ordinateur). Ces trésors sont les reliques d'archives de mes ressources, destinées au service public (sinon ça ne serait pas en ligne). Et je fais partie des êtres qui concourent librement à perfectionner l'ordre universel.