62- Le complexe de l'honneur

11/10/2024

J’ai découvert qu’il existe différentes formes d’honneur, comme l’honneur civique et l’honneur chevaleresque. L’honneur civique souffre de la diffamation de son nom et du scandale, tandis que l’honneur chevaleresque est blessé par l’injure.

L’honneur est lié à un principe de respect, d’estime et de considération qui donne une identité digne et méritante aux yeux du groupe social. L’honneur constitue une récompense pour celui qui l’obtient malgré son absence et même un devoir selon la culture de chacun. 

L’idée de l’honneur varie d’une société à l’autre et on peut observer son évolution selon les époques, les situations et les individus. Pour certains, c’est un engagement, pour d’autres, une question de réputation et d’autres encore, une question de vie ou de mort.

L’honneur confère une identité qui nous distingue. Pour certaines personnes, il constitue même une quête. Il est si complexe sur le plan de la valeur morale qu’il peut devenir un fardeau pour les uns, mais une récompense pour d’autres.


Le mot « honneur » vient du latin « honos », qui dériverait lui-même du mot « onus », signifiant « charge ». Par conséquent, l’honneur découle d’une responsabilité à assumer, plutôt que d’une vertu morale. À l’époque des preux chevaliers, ceux-ci s’engageaient à protéger leur souverain en endossant une charge noble sur ses épaules. Cette charge consistait en une responsabilité mentale et physique qu’ils devaient assumer avec fierté.

L’honneur est comparable à une épée, qui peut servir à faire le mal ou le terrasser. C’est pourquoi l’honneur constitue une arme redoutable à manier avec adresse, sinon elle peut se retourner contre celui qui la brandit.

La Bible, dans le livre de Matthieu, au chapitre 26, versets 51-52, nous dit : » Et Jésus lui dit : remets ton épée à sa place ; car tous ceux qui prendront l’épée périront par l’épée. »

De la même façon, quiconque use de la menace de commettre un crime d’honneur pour se venger met sa propre vie en danger, car il court le risque de subir une riposte mortelle.

Cette épée symbolise la faculté de communication, c’est-à-dire l’organe de la parole, capable de faire mourir l’ignorance et de faire naître la connaissance. C’est également un symbole du combat intérieur que nous devons mener, celui contre notre propre langue, qui peut parfois nous échapper. Sa fine lame représente la voie du juste, de l’équitable, celle qui différencie la vérité de l’erreur, qui établit une distinction. 

Dans la Bible, lorsque Jésus disait (voir le livre Matthieu, verset 10-34) : « Ne croyez pas que je sois venu apporter la paix sur la terre ; je ne suis pas venu apporter la paix, mais l’épée. »

Cela ne voulait pas dire qu’il allait s’engager dans un combat terrifiant armé d’outils faits main. Non ! L’épée dont il parlait provenait de sa langue, de sa parole, de son verbe. Il ne demandait pas un culte aveugle pour les mots d’un livre au sens littéral, sans comprendre leur sens ni en n’en voyant qu’un seul. Au contraire, sa démarche consistait à s’engager dans des échanges animés, maniant habilement la plume de son stylo, afin d’explorer le pouvoir évocateur des mots qu’il utilisait et l’impact de son discours. En résumé, la discussion, c’est le combat. La boussole n’existe pas si on ne sait pas qu’il y a un Nord, un Sud, un Est et un Ouest. Notre emplacement modifie la localisation du nord, qui peut se trouver tantôt devant, tantôt derrière, et celle de l’est, qui peut être situé aussi bien à notre gauche qu’à notre droite. C’est aussi le cas pour la température, qui peut être plus froide ou plus chaude en dessous de nous ou au-dessus. Rien que cela nous donne déjà 12 façons différentes de lire une parole.