69- L'hystérie des hommes ou la folie des Jeanne ?

05/01/2025

La fête des fous ou la fête des innocentes ?


Que nous dit l'histoire ?

Une tradition ancienne consistait à célébrer les fous autant que les innocents. Cette coutume aurait scandalisé tous les services de police.

 Jusqu'en 1445, la fête des fous était la Bacchanale catholique, pendant les Fêtes de Noël, durant laquelle on élisait le « pape des fous », revêtu d'habits épiscopaux. Ce dernier bénissait ensuite la foule depuis l'église, transformée en pandémonium. Indécence et pornographie étaient monnaie courante lors de cette fête annuelle, ce qui aurait fait pâlir de honte le carnaval lui-même.  La pornographie et l'immondice sont désormais facilement accessibles chaque jour pour qui le souhaite (on peut les consulter sans attendre un jour particulier de l'année). Voilà pourquoi la population la connaît sous le nom de « Fête de l'âne » ou de « Fête des innocents ». Ce jour-là, personne n'avait le droit de s'offusquer et, vu l'époque inquisitoire, les femmes encore moins. Au cours d'une telle fête, Marie la Folle aurait fracassé un chandelier en bronze, contraignant l'équipe du chapitre de Saint-Pierre à le restaurer. L'année suivante, « une autre folle » a détruit une croix pendant les Saturnales. Ces festivités se déroulaient chaque année le 6 janvier, une date symbolisant aujourd'hui l'Épiphanie et commémorant l'arrivée des rois mages..

LOIS. TITRE PREMIER. Personne, durant la fête, ne devra s'occuper d´affaires soit politiques , soit particulières, excepté celles qui ont pour but les jeux, la bonne chère et les plaisirs : les cuisiniers seuls et les pâtissiers auront de l'occupation. – Égalité pour tous , esclaves ou libres, pauvres ou riches. – Défense absolue de se fâcher, de se mettre en colère, de faire des menaces. Pas de comptes d'administration pendant les Saturnales. – Qu'on ne redemande à personne ni argent ni habits. Point d'écriture durant la fête. Clôture des gymnases durant les Saturnales ; pas d'exercices ni de déclamations oratoires, sauf les discours spirituels, enjoués, assaisonnés de railleries et de badinage. Lucien,Saturnales,

Malheureuses Marie… Combien parmi elles, en tentant d'échapper aux prétendus souverains, ont endommagé ce qui les entourait ? Ces messieurs, en agitant leurs clochettes délicates le matin et leurs imposantes campanes le soir, proclameront leur insanité lors de cette cérémonie majestueuse.

Ces femmes n'étaient pas de simples victimes de la folie. Elles tentaient plutôt de riposter, de s'opposer et même de rejeter farouchement les cérémonies brutales de leur époque, qui rappellent étrangement celles du Moyen Âge. On percevait comme une forme de rébellion le fait de profaner un objet sacré, exprimant leur révolte face à des rituels dégradants et pervertis, lors de cette fête où les hommes, en particulier les dirigeants religieux, se permettaient des comportements immoraux sous le couvert de festivités. Comme toute personne confrontée à cette situation, elles tentaient probablement d'attraper ce qui était à leur disposition pour parer au « droit de cuissage », un privilège dont bénéficiaient les membres du clergé, ainsi que tous les hommes, y compris les esclaves, lors de ces orgies où toutes les pratiques étaient autorisées. 

En 1420, on observe une tentative de limiter la célébration de la fête, mais sans résultat probant. Par la suite, en 1435, le Concile de Bâle, ne parvenant pas à abolir la fête, décide plutôt d'en prohiber le lieu. La commémoration de la Fête des Fous est formellement bannie dans les lieux de culte, au risque de subir une punition. On ne cherche donc pas à interdire la fête elle-même, mais plutôt son cadre. Bien qu'aujourd'hui, la pornographie se trouve toujours dans une zone grise légale, l'État règlemente en ce qui concerne les lieux de diffusion autorisés et les plages horaires permises. Contrairement à Internet, qui paraît insaisissable, les autorités parviennent sans difficulté à repérer et sanctionner les conducteurs excédant légèrement la vitesse maximale autorisée (par exemple, en roulant 10 km/h au-dessus de la limite). Cependant, elles hésitent à installer des radars sur les contenus pornographiques, arguant de leur attachement à la liberté d'expression. En 1439, le pape interdisait aux vicaires de célébrer la Fête des fous, peu importe leur grade. Toutefois, le 20 novembre 1443 marqua un changement important. Les ecclésiastes de l'Église, petits et grands, purent reprendre le privilège de se livrer à la folie une fois par an, sous réserve de respecter certaines règles. Ils devaient revêtir une tenue respectable pour ne pas trahir leur intention de se conduire de manière déraisonnable, puis se rendre à l'hôtel plutôt qu'à la taverne afin d'y accomplir les choses indignes.

Après son expulsion de l'Église, la Fête du Fou causa encore un tollé grâce à une mise en scène de la punition sur la place publique. Les figures de « faux-semblant », « feintise » et « hypocrisie » se travestissaient en évêques et chanoines, défenseurs de la réforme interdisant les masques et les transactions dans les lieux sacrés, ainsi que l'abolition de la célébration. Le 17 avril 1445, le souverain ordonne au bailli de Troyes de collaborer avec l'évêque et l'« inquisiteur de la foi » pour mettre fin à la fête des fous.


L'hystérie des hommes : un miroir de la "folie" des femmes

La fêtes des fous est un exemple de renversement de la norme et une caricature de la hiérarchie religieuse où des actes de transgression comme le mariage des clercs et des orgies dans les églises étaient vus comme une forme de libération de l'autorité religieuse et de l'ordre social habituel. Le clergé laissait ainsi libre court à un certain nombre de comportements déviants, tout en étant protégé par la suspension temporaire de la règle et du contrôle moral. 

Les agissements des « folles » peuvent être interprétés comme une riposte à la démesure collective des hommes, qui, une fois par an, exerçaient leur droit de dépravation sans considération pour les principes chrétiens. Ainsi, la folie des femmes représentait une forme d'autodéfense personnelle face à des abus systématiques, mais également un geste emblématique destiné à mettre en évidence les écarts des dirigeants religieux, convaincus de leur immunité dans un contexte de fête. Les célébrations durant lesquelles les ecclésiastiques endossaient le rôle de personnages délirants engendraient un certain désordre éthique. Cependant, cette situation offrait aux femmes, souvent reléguées dans un statut inférieur, la possibilité d'agir avec plus d'indépendance et d'audace. En renversant des objets sacrés tels que des crucifix ou des candélabres, elles ne cherchaient peut-être pas seulement à profaner des icônes religieuses, mais aussi à rompre, aléatoirement, avec l'emprise d'un pouvoir religieux qui n'hésitait pas à exploiter son autorité. On peut concevoir que la folie féminine ait servi de mécanisme de résilience, voire d'émancipation.

Combien  de femmes étaient traitées de folles dès lors qu'elle s'apposait à la domination sexuelle ou parce qu'elles étaient victimes de stress post-traumatique ?

Il y avait Marie, appelée « la folle », ainsi que Jeanne, surnommée « la Folle », sans compter Jeanne d'Arc. On a stigmatisé toutes ces femmes avec mépris, tandis qu'on a souvent perçu les hommes atteints de troubles mentaux comme des génies méconnus, tels Nietzsche ou Van Gogh. En revanche, on a traité les femmes souffrant de maladie mentale soit avec pitié, soit avec crainte, comme Camille Claudel, qui fut internée dans un hôpital psychiatrique. Les noms de Jeanne la folle et de Jeanne d'Arc évoquent un destin exceptionnel et une charge prophétique. On les a toutes deux emprisonnées, et cette expérience a joué un rôle crucial dans leur histoire. Elles se sont également fait exclure du pouvoir, traiter de folles ou d'hérétiques, ce qui n'était qu'un prétexte politique pour les neutraliser. Les deux femmes furent des pions dans des luttes de pouvoir. Des hommes influents de leur entourage les manipulèrent, puis les abandonnèrent quand elles ne servirent plus leurs intérêts. Ces deux femmes ont subi un épuisement psychologique et physique, ainsi qu'une profonde humiliation. Jeanne d'Arc a tenté de sauver le trône d'un souverain qui l'a ensuite rejetée. Quant à Jeanne la Folle, son propre père l'a écartée du pouvoir pour satisfaire ses aspirations personnelles. Un évêque a fait comparaître l'une d'entre elles devant un tribunal ecclésiastique, scellant ainsi son destin. Quant à l'autre, ce fut son propre fils qui renforça sa détention, afin de régner sans partage. Ces deux Jeanne personnifient des figures féminines sacrificielles, victimes de l'autel du pouvoir, soit consumées par les flammes, soit confinées à jamais. Leurs histoires mettent en lumière un schéma récurrent : celui de la femme possédant une grande force intérieure, voire même une capacité visionnaire, mais qui est finalement soumise au contrôle patriarcal, réduite au silence. Leur captivité, qu'elle soit physique ou mentale, symbolise une lutte entre l'autorité masculine et le libre arbitre féminin.

Que ce soit Marie la folle ou les deux Jeannes folles, les trois ont résisté aux abus de la religion, que certains pourraient considérer comme une attaque directe contre l'ordre établi, surtout venant d'une reine ou d'une femme perçue comme une sainte. 

Révolte contre les excès de la foi ; une folie ou une lucidité ?

L'intolérance religieuse envers les femmes s'est manifestée par des traitements inégaux, notamment en matière d'accès à l'éducation. Cette situation a ensuite mené aux dérives de certains hommes de Dieu. Soumis à un code moral strict, ils réprimaient leurs pulsions sexuelles pendant toute l'année, mais se livraient à des excès lors de rituels annuels, cherchant à « rattraper » le temps perdu et à assouvir leurs désirs refoulés. L'interdit de la sexualité dans le cadre de l'amour, l'interdit du mariage et l'obligation de la chasteté ont fait exploser les déviances chez les hommes au moment où tout devenait possible. L'Inquisition, initialement fondée pour lutter contre le mal et ses auteurs, s'est finalement transformée en un bain de sang. Elle a malheureusement confondu les individus éclairés, capables de réflexion, avec les abus spirituels. Elle a également confondu les coupables avec les innocents, tout en épargnant la vie des personnages maléfiques de l'histoire.

Prenons Jeanne d'Arc, brulée comme on le faisait avec les dites "sorcières". celle-ci était profondément croyante, mais elle était révoltée contre les abus de l'Eglise. Si elle s'est habillée comme un garçon et qu'elle s'est fait la même coupe de cheveux qu'un homme du clergé (coupe au bol), c'était pour quoi à votre avis si ce n'était pas pour avoir le droit d'étudier la théologie et autres connaissances de l'esprit que seuls les garçons avaient le droit d'apprendre ? Jeanne d'Arc aurait pu devenir "Jeanne la papesse" si elle ne s'était pas fait démasquer sur sa véritable nature féminine. Pour avoir dû se cacher pour étudier, pour avoir dû adopter un comportement masculin alors qu'elle était femme (pas parce qu'elle était transexuelle, faudrait pas chercher à changer l'histoire, hein), elle devait vivre une tension psychologique réelle  perçue  comme folie par ses contemporains. Jeanne d'Arc défiait l'Eglise institutionnelle en affirmant être guidée par des voix divines ( inspirée de tactiques militaires pour sauver son pays) et ce, sans médiation cléricale. Lorsqu'elle a été accusée d'hérésie, ce n'était pas à cause d'un rejet de la foi, mais parce que sa spirtualité personnelle contredisait les dogmes et remettait en cause l'autorité ecclésiastique.

Jeanne la folle quant à elle critiquait les abus religieux, un tabou religieux étouffé pour préserver l'image  d'une Espagne unifiée sous la foi, ce qui la plaçait en opposition à l'ordre catholique dominant, même si la forme était différente que celle de Jeanne d'Arc. Elle fut enfermée pour folie, ce qui a légitimé sa mise à l'écart sans entrer dans des débats théologiques ou politique complexes. 

Jeanne la spirituelle et Jeanne la charnelle : une énigme temporelle

Cette folle de Jeanne aurait une une obsession pour le corps de son mari décédé qu'elle aurait gardé embaumé près d'elle et qui la suivait partout dans son cercueil à qui elle parlait.  Une version de l'histoire explique qu'il était infidèle et il la maltraitait et elle était enceinte lorsqu'il mourut. Une autre version dit qu'elle était si amoureuse qu'elle aurait sombrer dans la folie. Mais peut-être a-t-elle voulu le protéger des intrigues politiques en faisant croire à sa mort, d'où le fait qu'elle gardait le cercueil dans sa chambre et qu'on l'entendait "parler à un mort". Philippe le beau était également un précurseur de la réforme protestante et était influencé par des figures comme Erasme. Lui et sa femme Jeanne étaient en conflit avec la religion institutionnelle et critiquaient les excès de l'Eglise. 

Peu d'années séparent l'histoire de Jeanne d'Arc avec celle de Jeanne la bien aimée dite la folle. Et en faisant un lien avec l'histoire soit disant fictive de Jeanne la Papesse, j'en arrive à me demander si les trois Jeanne n'en font pas qu'une.

Jeanne d'Arc entretenait un lien avec la foi et la guerre, représentant la « Jeanne spirituelle ». Et Jeanne la Folle, associée à la folie et à l'amour, représenterait la « Jeanne charnelle ». Et au fait, si Jeanne la Folle était effectivement l'épouse de Philippe le Beau, pourquoi continue-t-on de l'appeler Jeanne la Folle dans l'histoire ? À moins qu'elle ne soit liée à Charles VI de France, surnommé « Charles le Fol » ou « Charles le bien-aimé » ? Les gens qui ont contribué à son enfermement ont peut-être utilisé son nom de famille pour la faire passer pour folle, alors qu'elle était certainement aussi bien-aimée que son parent dans l'histoire. Les deux Jeanne incarnent une dualité féminine dans le cadre des luttes de pouvoir médiévales.

Les exploits temporels des Templiers dans l'art de la manipulation historique et de la restauration de la renommée ecclésiastique, on peut se demander si Jeanne La Folle, également connue sous le nom de Jeanne Le Beau, serait en réalité une seule et même personne. On pourrait penser que Jeanne d'Arc, qui aurait modifié son apparence après sa fuite, se cache derrière ce pseudonyme. En tout cas, je ne verrai plus jamais l'histoire de Jeanne d'Arc de la même façon. Désormais, je réalise qu'elle s'est battue pour sauver l'Espagne et la France de l'extrémisme religieux de son époque. Si celui-ci avait persisté, il nous aurait empêchés de vivre en démocratie. Et même si ces deux femmes sont bien deux personnes différentes, elles représentent les deux facettes d'une même lutte en tant que femme cherchant à exister et à agir dans un monde dominé par des structures patriarcales et des conflits politico-religieux. 

Mai 68, le retour de la fête des fous ?

La célébration des fous représentait un moment de déchaînement des pulsions et des tensions où les contraintes sociales s'effaçaient. L'année 68 incarnait cette aspiration à abolir les lois et les règles dans un espace de liberté absolue. Une rébellion collective symbolise ces deux événements, qui visent à contester l'ordre établi et à favoriser une réorganisation des relations sociales.

Un demi-siècle plus tard, en 1968, la fête des fous tentera de revenir dans la communauté gaie. Beaucoup ont constaté que la Marche de la Fierté gay possède une touche d'excentricité, ce qui ne devrait pas constituer une insulte envers la communauté homosexuelle. Le simple fait d'avoir le droit d'aimer des gens du même sexe ne devrait pas se comparer à une parade où les participants portent des colliers et des costumes suggestifs de domination et de soumission. On doit noter que la grande majorité des personnes homosexuelles authentiques ne partagent pas les penchants extrêmes de celles et ceux qui se définissent ainsi, sans pourtant correspondre à cette étiquette. Et puis, est-ce que les hétérosexuels manifestent pour revendiquer le droit à l'hétéronormativité ?

La révolution des mœurs et la remise en question de la moralité sexuelle traditionnelle, en lien avec les revendications féministes, les mouvements pour la liberté sexuelle, la lutte pour l'accès à la contraception et le droit à l'avortement, s'inscrivent dans un projet de libération individuelle et collective contre les abus. Certains diront « À poils ou sous voile », réduisant ainsi la femme à une prostituée ou à une vierge. L'histoire démontre qu'échapper à une prison peut parfois signifier en entrer dans une autre. Sous couvert de liberté sexuelle, certaines personnes ont cru qu'elles pouvaient tout se permettre. Le cinéma a fait son apparition, et avec lui, les viols, les agressions, les crimes. Les réalisateurs filmaient ces derniers dans le but de susciter l'indignation ou l'excitation chez le spectateur. C'est comme un enfer qui vous juge selon vos réactions face aux évènements. En réponse au mouvement de libération sexuelle, la pornographie s'est répandue et le crime organisé s'est développé en parallèle. Heureusement, des personnes se battent contre ça, mais elles manquent de ressources pour faire face à l'ampleur du problème, sinon, ça fait longtemps que le crime aurait disparu… 


La fête des fous, une représentation du blasphème ?

La date du 6 janvier, jour de la fête des fous, correspondait à celle de l'attentat contre Charlie Hebdo… Pourquoi avoir choisi cette date précise ? Un hasard ? Et qui aurait eu un intérêt symbolique à choisir une telle date ? L'Inquisition ? Mais elle n'existe plus normalement, n'est-ce pas ? A moins qu'elle n'ait pris une autre forme. 

La Fête des fous, bien que transgressive, tournait en dérision les rites religieux avec des messes burlesques où des animaux remplaçaient des prêtres. D'où le nom aussi de la Fête des Ânes, pendant laquelle un âne était élevé sur un trône. On a vu un renversement de la hiérarchie, car des rôles où des circonstances grotesques. On y observait une forme de profanation rituelle, en plus des mauvais traitements, et, du point de vue théologique, ces pratiques pouvaient représenter une transgression des lois divines et un affront à Dieu. C'est pourquoi les instances religieuses la jugèrent inacceptable et finirent par l'interdire… En vérité, des comportements sexuels répréhensibles, voire illégaux, commis par certains individus lors de réunions autrefois approuvées par tous, y compris le haut clergé, ont conduit à la censure d'autres personnes. Le peuple a remis en question le droit à la liberté d'expression, également connu sous le nom de droit au blasphème. Il a rappelé à l'élite que son pouvoir se limitait et qu'elle devait rendre des comptes à la communauté. Une certaine confusion régnait donc entre ce qui relève du sacré et ce qui ne l'est pas. La « fête des fous » oscillait entre la liberté des coupables et les actes criminels envers les innocents, ainsi qu'entre le blasphème manifeste et la fonction cathartique profonde. Du pouvoir à la liberté, de l'ordre au chaos, du sacré au profane, on peut percevoir une profanation comme un rituel de régulation sociale à condition de ne pas laisser le crime s'immiscer dans la fête.

J'approuve le droit à la satire et au déguisement, à condition que cela reste conscient et amusant, que nous prenions en compte la relativité et que tout le monde puisse en rire. Quelqu'un qui se fait passer pour quelqu'un d'autre dans le but de nuire se trouve dans la tromperie plutôt que dans la parodie. Quelqu'un qui modifie son apparence pour entrer chez vous n'est pas celui qui la change pour se protéger. Quelqu'un qui utilise sa supériorité physique et morale pour obtenir des faveurs sexuelles, que ce soit avec consentement ou sous la contrainte, ne défend pas la liberté sexuelle de l'autre. On doit faire la distinction. 

Hypothèse de dernière minute


Et si jeanne d'Arc était (la petite fille de) Jeanne la folle ?


Qui serait surpris d'apprendre que la petite-fille, remplie d'indignation face aux 49 ans d'emprisonnement de sa grand-mère, une femme qui s'était rebellée contre les contraintes religieuses qu'on voulait lui imposer, dont l'Église orthodoxe craignait la tolérance, a combattu les institutions pour mettre fin à ces pratiques ?

En réalité, je pense que les deux Jeanne forment une seule et même personne. Jeanne la Folle, c'est Jeanne de Castille. Par exemple, on nous dit qu'elle est morte en 1555, mais on vient tout juste d'apprendre qu'elle serait plutôt décédée en 1533, soit 22 ans plus tôt. Combien d'autres erreurs de calendrier à d'autres moments de l'histoire ?

Selon la légende, Jeanne d'Arc est née en 1412 et a péri en 1431. En 1429, les forces royales dirigées par Charles VII bénéficiaient de l'aide de Jeanne d'Arc. Le prénom du fils de Jeanne de Castille se révélait également Charles. Je crois avoir compris que certaines élites politiques ou religieuses peuvent modifier l'histoire en faisant passer une personne pour sa propre mère ou fille.

Lisez ceci attentivement, et vous comprendrez beaucoup de choses. Ce sont de récents écrits sur l'emprisonnement de « Jeanne la Folle », ainsi que de « son fils, Charles, et de son armée, dirigée par le commandant Inigo Fernandez de Velasco, engagée dans une mission sacrée pour libérer la reine légitime des griffes d'une horde de soldats brutaux.

https://fr.wikisource.org/wiki/Une_%C3%A9nigme_de_l%E2%80%99histoire_:_la_captivit%C3%A9_de_Jeanne_la_Folle

A mesure que s'ouvrent les archives d'état, l'histoire moderne semble se transformer et appeler des historiens qui la présentent sous sa figure nouvelle. La convention, la légende, s'évanouissent pour faire place à la réalité. Nous étions comme des enfans qui voient la surface des choses sans se demander ce qui s'agite au-dessous. Lorsque nous essayions de démêler les causes secrètes les mobiles cachés, le rouage intime des drames de l'histoire, c'était une sorte de divination, tout au plus un calcul de probabilités, qui nous guidaient, qui souvent nous égaraient. L'hypothèse psychologique avait libre jeu, et il était rarement permis de la contrôler d'une manière sûre et efficace. Qui ne se souvient du temps où un patriotisme mal entendu veillait avec un soin jaloux sur le trésor des documens historiques, — notes, dépêches, instructions, correspondances, — qui auraient pu porter la lumière dans l'obscurité du passé ? On semblait craindre qu'ils ne fissent descendre jusqu'aux neveux la solidarité des erreurs ou des crimes commis par les ancêtres. On revient de plus en plus aujourd'hui de ce préjugé si funeste aux recherches savantes, et toute l'histoire moderne est en train ou à la veille d'être renouvelée de fond en comble.

On qualifie souvent ce conflit de « guerre de Cent Ans », et ce terme n'est pas anodin. En effet, si l'on décalait l'histoire de Jeanne d'Arc d'un siècle, ou celle de Jeanne de Castille d'un autre, en superposant leurs récits, on découvrirait de nombreux points communs.

Et si Jeanne d'Arc avait été la reine de Castille ? 


Combien de royaumes auraient-ils pu être gouvernés par elle si on ne l'avait pas emprisonnée deux fois ? Jeanne d'Arc, reine d'Espagne, de France et d'Angleterre ?

"Parmi les saisies d'archives importantes au cours des siècles derniers, la saisie celle des archives de la Couronne d'Espagne à Simancas par la France retient particulièrement l'attention, car le contentieux qui en est découlé a duré cent trente-deux ans." 

https://books.openedition.org/pur/130275?lang=fr

Dans une lettre du 9 novembre 18146, Daunou expliquait que « parmi les papiers venus de Simancas il en est qui concernent des provinces devenues depuis longtemps françaises comme le comté de Bourgogne ou la Lorraine ; il s'y trouve aussi aucuns titres de la maison royale de France que Charles Quint se fit livrer après les revers de François Ier » et rappelait qu'en 1776, la France avait restitué à l'Espagne l'original du contrat de mariage de Philippe II.

https://fr.wikisource.org/wiki/Une_%C3%A9nigme_de_l%E2%80%99histoire_:_la_captivit%C3%A9_de_Jeanne_la_Folle


On sait les révélations que les archives de Simancas, accessibles depuis vingt ans seulement, ont apportées au public étonné ; on n'ignore pas les conclusions inattendues qu'en ont tirées les Prescott, les Ranke, les Mignet. Tout le monde a lu le beau livre dans lequel le secrétaire perpétuel de l'Académie des sciences morales et politiques a substitué à la légende de l'ermite ascétique de San Yuste l'histoire de l'homme d'état infatigable qui, de sa retraite peu rigoureuse, dirigeait, par habitude de gouverner plus encore que par ambition ou illusion, tous les fils de la politique européenne. Grand fut donc l'émoi du monde savant lorsqu'à la fin de l'année dernière on annonça une nouvelle découverte faite dans ces célèbres archives, et qui éclairait, disait-on, d'un jour étrange un autre point légendaire de cette histoire si intéressante de l'Espagne du XVIe siècle, la folie de Jeanne, mère de Charles-Quint. Bien qu'il faille un peu rabattre des conclusions trop hardies de l'érudit allemand, les documens publiés par lui renferment encore des détails accablans pour la mémoire des trois souverains, père, époux et fils de l'infortunée reine de Castille. — Grâce aux pouvoirs discrétionnaires dont jouissait l'archiviste en chef de Simancas, ceux qui s'occupaient de cette époque de l'histoire d'Espagne n'avaient jamais pu obtenir communication de certaines pièces très importantes de la collection. M. Bergenroth fit pendant six ans des efforts plus persévérans qu'heureux pour arriver jusqu'à ces papiers. Soutenu par le ministre de Prusse, le baron de Werthern, il parvint enfin, il y a un an environ, à se faire ouvrir ces armoires mystérieuses. Son zèle fut récompensé au-delà de ce qu'il avait pu attendre. Il trouva en effet des pièces du plus haut intérêt, et il s'est empressé de les publier in extenso, contrairement à l'habitude des calendars, et en les accompagnant d'une traduction anglaise, dans la collection des State-Papers, qui paraît à Londres sous la direction du master of the rolls ; elles en remplissent un gros volume. En tête de ces documens, M. Bergenroth publiait une introduction étendue où il essayait d'établir la parfaite santé mentale de Jeanne. Il donnait en même temps au recueil de M. de Sybel un extrait en allemand de l'introduction qu'il avait publiée à Londres. Peut-être, s'il eût vécu, aurait-il mitigé un peu ce que ses conclusions ont de trop absolu ; malheureusement la mort vient de le surprendre à Madrid même. Il paraît que ses travaux n'avaient point enrichi l'obstiné chercheur, qui a dû être enterré, il y a trois mois, aux frais de la légation de l'Allemagne du nord. Nous avons tenu à contrôler le récit de M. Bergenroth, et nous avons lu avec attention les cent quatre pièces publiées par lui et relatives à l'histoire de Jeanne la Folle. C'est donc dans ces pièces que nous puisons les élémens de l'exposé qu'on va lire et du procès que nous allons instruire sommairement. Si, après cet examen, nous arrivons à des conclusions sensiblement différentes de celles de l'érudit allemand en ce qui concerne l'état mental de la reine, au moins ne pouvons-nous que partager la désapprobation indignée dont il frappe Ferdinand le Catholique, Philippe de Bourgogne et Charles-Quint, qui imposèrent à la malheureuse souveraine un martyre de près de cinquante ans.

Mon investigation consiste en une exploration, ce qui signifie que je suis ouverte à réviser mes hypothèses à la lumière de tout nouveau fait. En ce qui me concerne, je m'intéresse aux questions floues et mal définies pour mieux saisir le contexte et l'enjeu sous-jacent, ce qui permettra à d'autres chercheurs de mener des études plus poussées.


Jeanne de Castille ou Jeanne d'Aragon, dite Jeanne la Folle.
Jeanne de Castille ou Jeanne d'Aragon, dite Jeanne la Folle.

Selon les registres officiels, Jeanne, surnommée « la Folle », serait née en 1479 et serait décédée en 1555. Cependant, des recherches récentes ont révélé que sa mort pourrait remonter à 1533 ou 1530, ce qui la ferait mourir environ 33 ans plus tôt… (l'âge du Christ. Cette découverte remet en question non seulement sa date de naissance, mais aussi son identité, car elle aurait pu naître dès 1462, voire plus tôt encore.

Jeanne d'Arc serait née « environ » en 1412 et serait décédée en 1431. On situe son adolescence, c'est-à-dire sa puberté, entre 13 et 18 ans. Des illusions d'optique se produisaient, car certaines femmes semblaient plus jeunes que leur âge réel. De plus, l'absence de pollution atmosphérique moderne aurait pu contribuer à son aspect juvénile. Elle aurait pu avoir 28 ans et en paraitre 18… Quoi qu'il en soit, si Jeanne de France avait 33 ans de moins et que Jeanne de France en avait 17 de plus, tout l'historique serait remis en question.

Saviez-vous que certaines sources avancent l'hypothèse que Jeanne d'Arc serait née le 6 janvier, jour de la fête des Rois Mages ? Cette information, récemment découverte, pourrait faire reconsidérer son âge, qui se situait probablement au-delà de 19 ans lorsqu'elle a été brûlée vive. Je ne serais pas étonnée d'apprendre qu'elle avait autant d'années que Jésus…

Officiellement, cinquante ans sépareraient les deux Jeanne : la Jeanne d'Espagne serait née le 28 février 1457, tandis que la Jeanne de France serait née le 6 février 1412.

De plus, on note avec intérêt que les deux Jeanne, a chacune une mère prénommée Isabelle.

On a mis en cause non pas l'esprit des Jeanne, mais plutôt leur environnement moral et religieux.

Elles étaient laïques, on en a fait des catholiques, comme on a fait de Jésus le juif, le christ de la chrétienté. 

La pute ou la vierge

 On a reproché à Jeanne de France (d'Arc) de consacrer une partie de son temps à combattre l'exploitation sexuelle des femmes durant les guerres. Ses adversaires la qualifiaient de « putain des Armagnacs », alors qu'elle s'employait à porter secours aux prostituées de l'armée, à combattre la prostitution militaire en la dénonçant sur le plan moral ou à lutter contre les viols de guerre. Personne n'en parlent car très peu le savent, mais si jeanne d'Arc a tué des hommes durant la guerre, ce fut aussi pour sauver des victimes de ceux qui profitent de ces états de chaos pour laisser libre cours à leurs abjectes violences sexuelles, comme dans la plupart des guerres. Jeanne d'Arc cherchait à émanciper "les prostituées" et non pas à les « exclure », en les libérant. 

Elle les sortait de là en les confiant à un homme de confiance… En quelque sorte, elle les « mariait » avec une alliance de confiance, parce que, dans la mesure du possible, elle faisait au mieux pour leur qualité de vie.

On sait cela parce qu'une partie de l'histoire le raconte :

En avril 1429, Jeanne d'Arc est envoyée par le roi Charles VII à Orléans, non pas à la tête d'une armée, mais avec un convoi de ravitaillement qui longe la Loire sur la rive gauche. Lors de son départ de Blois pour Orléans, Jeanne expulse ou marie les prostituées de l'armée de secours et fait précéder ses troupes d'ecclésiastiques. Cette action montre son engagement à maintenir une certaine pureté et discipline au sein de l'armée qui l'accompagne. 

Ces ennemis l'appelaient la putain, ses amis la pucelle. 

Souvenons-nous également que, dans le passé, les gens percevaient les femmes ayant subi un viol comme des prostituées si elles n'avaient pas pu fournir de preuves, telles que des témoignages, montrant qu'elles avaient résisté ou refusé. Une artiste de la scène, une chanteuse, mais aussi une femme indépendante et experte en médecines traditionnelles, courait le risque d'être jugée comme une prostituée et même de mourir à cause de cela. 

Jeanne d'Arc combattait l'Inquisition, en plus d'aspirer à sauver le trône d'un roi plus tolérant envers le peuple et envers les femmes en particulier.