70- "Être à côté de ses pompes"

12/01/2025

Pourquoi les chaussures sont-elles surnommées « pompes », à l'instar de « pompes funèbres » ?

 « Enlève tes pompes », me répétait mon père lorsque je rentrais chez nous en gardant mes chaussures aux pieds. Devoir les retirer pour enfiler des chaussons, alors que je savais que j'allais ressortir quelques minutes plus tard, m'agaçait, parce que cela me faisait perdre du temps. Si seulement il m'avait expliqué que cette consigne visait à éviter d'introduire de la saleté extérieure dans notre foyer, j'aurais certainement perçu sa démarche comme une précaution d'hygiène plutôt qu'une contrainte. Le mot « pompe » était donc un mot d'argot comme « cornet » pour « sachet » ou « clanche » pour « poignet ».

J'ai donc passé une trentaine d'années de ma vie sans me préoccuper de ce mot plus que ça. Jusqu'au jour où j'ai vécu un phénomène paranormal où je me suis sentie léviter au-dessus de moi-même, dans un état de semi-conscience. À mon réveil, j'ai su ce que voulait dire l'expression « être à côté de ses pompes ». Avant cela, on l'utilisait pour désigner quelqu'un qui avait du mal à comprendre

Corps plein ou corps vide

Lorsqu'une personne sort de son corps, que ce soit à deux centimètres ou à deux mètres et que c'est la première fois que cela lui arrive, le retour dans le corps est comparable à l'atterrissage d'un avion qui cherche son équilibre pour se déposer au sol aussi droit que possible. Une autre image me vient à l'esprit : celle des jeux d'enfance où l'on doit insérer un cube dans un trou en forme de carré ou une étoile dans un trou en forme d'étoile. L'enfant doit mettre l'objet plein au bon endroit, dans son double vide sinon, il ne pourra pas rentrer. Je crois qu'un corps astral doit s'ajuster instantanément pour revenir dans son corps, sans avoir à recommencer. Sinon, cela laisse une impression de « décalage », même s'il parvient finalement à revenir. Ces opérations doivent se déroulent spontanément, car j'ai rarement entendu des récits de « retours », car la plupart des histoires tournent autour des départs. 

Après cette expérience insolite, je me suis extirpée du lit, me suis redressée pour me diriger vers la salle de bain afin de me rafraîchir. Toutefois, une impression de vertige m'a poussée à m'appuyer contre un mur. Je me sentais "décalée" comme si une partie de moi était à côté de moi... Je me sentais également si légère que je ne parvenais presque pas à soulever mes pieds et faire avancer mon corps. Alors, j'ai réalisé que j'étais désorientée, égarée, loin de mon état habituel. Et puis, je suis retournée me coucher et à mon réveil, tout était revenu à la normal. 

Je me demande si notre âme s'insère dans notre esprit de la même manière qu'un pied dans une chaussette, avant notre venue au monde, ou si cela se produit au moment de notre naissance. Est-ce la même chose lors de notre décès ? Notre corps astral se sépare-t-il pour rejoindre les étoiles (d'où il tire son nom) ou flotte-t-il comme un spectre ?

Syndrome de Lazare

Pourquoi désigne-t-on les entreprises funéraires par « pompes funèbres » ? Est-ce dû à une autre expression qui évoque « partir les deux pieds devant » ? Cette dernière évoquerait le cycle de la vie, car nous entrons généralement dans ce monde la tête en avant, ce qui indiquerait une fin inverse. Nous quitterions ainsi la vie par nos pieds, complétant ainsi le cercle, à l'image du serpent Ouroboros. Cela m'amène à supposer que je pourrais être morte, puisque je me suis séparée de mon enveloppe corporelle par mes pieds et que je me suis envolée vers le ciel. Et si je ne suis pas décédée, alors je présente les symptômes du syndrome de Lazare, c'est-à-dire que je me sens comme une personne qui est revenue à la vie, sans toutefois en être entièrement convaincue. 

En latin, le terme « pompe » désigne une marche solennelle ou un convoi. Cette étymologie pourrait être liée à la foule de pieds qui suivent le corbillard lors des enterrements. Avec le développement des voitures et des établissements de soins de santé, les longs défilés de lamentations qui s'étendaient du domicile au cimetière sont devenus moins courants. Les services funéraires ont donc dû s'adapter en créant des chambres funéraires, appelées « athanée » ou « funérarium », pour accueillir les défunts. Je fais le lien avec le mot « natalité » (avec ou sans « h »). Les deux mots qui concernent la naissance et la mort contiennent les lettres « atha ». Dans « Athanée », on trouve « atha » et « née », tout comme dans le mot « natalité », où l'on retrouve « ata » et « lité », comme dans « alité ». Cette constatation m'a donné l'impression qu'une sorte d'inversion se produisait. 

Le préfixe « atha » pourrait évoquer le concept de « parenté », comme le suggère le verbe occitan « atanher », qui signifie « appartenir » ou « être parent ».

Athanée

Le terme « athanée » évoque l'idée d'origine, tandis que son équivalent, « funérarium », fait référence au sommeil ultime. Quant à « natalité », il exprime une qualité associée au repos profond, malgré sa fonction en tant que suffixe pour décrire des caractéristiques. Par conséquent, la natalité constitue tout autant une qualité intrinsèque.   

Dans « athanée », on peut aussi entendre « ânée » qui signifie « la charge qu'un âne doit porter ».

En Inde, le mot « Hatha » a plusieurs significations, dont « persévérance » et « effort ».

Cela me fait penser que la vie requiert de la persévérance. Nous sommes l'âne, l'âme qui porte la vie humaine, ce qui demande un effort comparable à un pèlerinage humain. 

Or, « Athanée » tire son origine du mot grec ancien θάνατος (thanatos), qui signifie « mort », précédé d'un "a" privatif, comme si la chambre funéraire évoquait une forme de repos éternel, mais sans la mort elle-même, sans la fin de la vie. C'est peut-être aussi le sens de l'expression « être à côté de ses pompes » : lorsque l'être se dissocie de son corps, lorsque l'avoir ne définit plus l'être. Qu'est-ce que l'avoir ? L'âme possède-t-elle un corps, ou est-ce l'inverse ? Si la lettre « a » représente la prééminence, elle indique également l'absence lorsqu'elle précède un nom. Posséder est-il synonyme d'absence de perspectives ? Est-ce que l'avoir est une absence de vision ? L'existence se résume-t-elle à la réincarnation, c'est-à-dire à une nouvelle vie terrestre pour un être humain qui n'est qu'un éphémère spécimen.

Atos

En gaulois, "atos" concerne une limite, une borne, un lieu délimité. Thanatos serait donc la limite de la mort ? Devant "atos", il y a "an" qui évoque le temps. Ainsi "anatos" désignerait la limite du temps qu'il nous est donné de vivre. Le "th" est l'unité d'une mesure d'énergie. Alors thanatos pourrait correspondre à la limite de notre temps énergétique (la pile humaine). Ou bien le "th" + la privation (a) devant  natos = mesure d'énergie privée de naissance. Un mort est donc un être privé de naissance parce que naitre, c'est égal à venir à la vie.

(...)

J'ai fait un rêve étrange cette nuit que je vais vous raconter. Sans doute m'a-t-il été inspiré (envoyé ?) par mes réflexions sur la mort.

Dans ce rêve, des gens étaient sortis du sol et deux équipes étaient sur le point de s'affronter. Chaque personne était sur une case dessinée au sol et j'y étais aussi. Je me vois et me sens décoller du sol les deux mains sur les hanches pour faire volte-face et retomber sur les deux pieds jambes pliées et écartées comme un sumo (j'avais eu une pensée la veille sur une de mes dernières danses en 2014 où j'avais imité un chanteur asiatique, cela aura sans doute impacté mon rêve). En voyant le design des gravures au sol, je comprends qu'il s'agit d'un genre de jeux de dames ou jeux d'échecs. Puis soudainement, comme si cela n'aurait pas du avoir lieu, les gens disparaissent dans la brèche au sol. Celle-ci était en train de se refermer et je ne savais pas quand elle se réouvrirait. Je comprenais que c'était un passage vers les enfers. Alors, je me mets au ras du sol et je crie : "Il faut sauver le futur !" Et je sens que je dois vite partir, car la brèche se referme, alors je me dépêche de trouver les mots les plus important à laisser en écho pour les gens d'en bas. je crie encore : "Il faut sauver le futur ! Si pour vous nous sommes le présent, sachez que nous sommes aussi votre futur et que vous êtes notre passé ! Vous pouvez encore sauver le futur !"  Et je me suis réveillée, avec une impression d'étrangeté.

Après ce rêve, je pense maintenant que le mot « athanée » désigne aussi un lieu de rassemblement, pour les vivants et les morts. Si on admet l'hypothèse que la vie se poursuit après la mort sous une forme différente, où les âmes des défunts se retrouvent au paradis, en enfer ou dans une autre dimension, il doit exister un genre de traité céleste régissant les interactions entre les vivants et les morts, que ce soit à travers les rêves, les intuitions ou certains messagers. Je pense que, initialement, leur apparition était réservée à quelques personnes privilégiées, car une présence constante de tous les morts parmi les vivants s'avèrerait certainement éprouvante. Le terme « Athanée » est également lié au mot « Athénée », évoquant la déesse grecque Athéna, associée à la fois à la guerre et à la sagesse, protectrice du savoir, des sciences et des arts.

Le terme « Athéna », qui fait aussi référence à la ville grecque d'Athènes, provient de la racine indo-européenne « ath », qui signifie « tête » ou « sommet ». C'est ainsi que la montagne sacrée « athos » tire son nom, car, quelque part, elle représente le sommet des os, la tête du corps. D'ailleurs, il y a aussi le nom « Athon » (littéralement, la « somme des os ») qui en tire son nom.

Psychopompe

En guise d'épilogue, jetons un œil à « psychopompe » — littéralement, le conducteur des âmes. 

De nombreuses convictions croient en la présence d'entités spirituelles, divines, maléfiques, vénérables ou célestes qui accompagnent l'âme des personnes décédées dans leur voyage vers un autre monde, tel que le Paradis ou l'Enfer.

Le préfixe « psycho- » renvoie à « psychê », l'âme, tandis que « pompe » fait référence aux pieds, aux jambes, ou au corps, ce moteur qui nous fait avancer. Notre enveloppe corporelle constitue l'un des plus grands organes de notre corps, se classant en première place en termes de poids et de surface. Elle compte des dizaines de milliers de récepteurs et de capteurs qui régulent nos mouvements et nos émotions. Dans cette optique, on pourrait voir notre peau comme une capsule spatiale pour notre âme, ou bien comme le scaphandre d'un astronaute. 

Cela me fait penser que « pompe » désigne également un appareil qui comprime et stimule le déplacement d'un liquide. On parle souvent d'appareil reproducteur, mais le corps ne serait-il pas lui-même un pompeux appareil ? La peau, qui enveloppe tous les autres organes, les enserre comme un bas de contention sur une jambe, favorisant ainsi un retour veineux et une bonne circulation de ce fluide vital. C'est pourquoi on nomme la station essence, « la pompe », parce que c'est là que nous allons nous approvisionner en énergie pour nos appareils externes (voiture, moto).

On peut aussi marquer solennellement un événement marquant en organisant une célébration grandiose, c'est-à-dire en déployant des moyens considérables, en mettant les petits plats dans les grands et en revêtant nos plus beaux habits. Certains pourraient percevoir cela comme une exagération tandis que d'autres le verraient comme une manifestation de l'importance significative d'un moment mémorable. 

Il ne reste plus qu'à souhaiter à chacun un départ en grande pompe. Quelqu'un a dit que l'on reconnait un être cher au monde le jour de son enterrement…