71- Les noces de kana 

16/01/2025

J'ai écouté un exégète présenter de façon approfondie le livre de Samuel dans la Bible, il m'a laissée perplexe lorsqu'il a évoqué El kana. Je ne savais pas si Anna, la mère de Samuel qui implorait la naissance d'un enfant, était toujours le centre de sa conversation, ou s'il parlait d'une autre personne. Comme « el » en hébreu signifie « dieu », je me demandais si Kana représentait un dieu. Quelque chose me semblait insaisissable. Soudainement, deux réflexions me traversèrent l'esprit. La première me conduisit aux noces de Cana, mentionnées dans le Nouveau Testament biblique. C'est là que s'est produit le premier miracle de Jésus, la transformation de l'eau en vin. Mon étonnement n'a fait que grandir avec la seconde, quand j'ai découvert que le mot « être » en arabe, se traduit par « kana ». 

Les copistes ont souvent confondu la lettre « C » avec la lettre « K » ou même la lettre « Q », ce qui rend possible l'écriture de « Cana » comme « Kana » ou « Qana ». Selon la foi chrétienne, Jésus est le Verbe. De plus, les adeptes d'un seul Dieu conviennent que le Verbe se trouvait déjà au tout début de la création. Donc, le Dieu Verbe, dieu de l'existence, « el kana » aurait pu épouser Anna (un baptême de l'Esprit). Cette alliance pourrait éclairer les origines des Noces de Cana (le cas Anna, le k anna, kan-na-an, Canaan).

Et c'est grâce à l'union des mots qu'un prophète est né…

De plus, si l'on considère son prétendu état d'ivresse et qu'on la confond avec l'exaltation de sa dévotion, on peut imaginer que le vin provenait d'une source divine.. 

Mariage des mots ou noce du verbe

En parcourant l'histoire de Jacob, on assiste à sa lutte nocturne acharnée contre une entité énigmatique, près d'un gué sur la rivière bleue. Cette présence évoque une divinité angélique ou une manifestation divine. Au terme de cette longue nuit, personne n'a gagné, malgré la blessure à la cuisse de Jakob. À l'aube, après s'être fait bénir et rebaptiser « Israël » par l'ange de Dieu, Jacob décida lui-même de nommer cet endroit mémorable, en souvenir de son combat avec le Tout-Puissant. Il le nomma « Peniel », ce qui veut dire « face de Dieu », parce qu'il croit avoir vu Dieu en face et en être sorti vivant.

Le terme « Peni » signifie « face ». Cela me rappelle « Penina », l'épouse d'ElKana dans le livre de Samuel, que la Bible décrit comme causant la détresse d'Hannah, qui souffre d'infertilité. Je pense qu'elle avait l'air triste et que sa figure faisait de la peine. C'est pourquoi on l'appelait Penina. En anglais, un stylo se dit « pen », alors peut-être que la détresse s'écrivait sur son visage, comme des lignes sur du papier. On pourrait aussi envisager que « Penina » soit « Peni-na », soit « la face de Na » ou « la face d'Anna », où « na » regarde « an » (an-na), comme dans un miroir. 

En hébreu, le mot "penina" dans son intégralité, sans séparer les syllabes, signifie « perle ». Est-ce que cela fait allusion aux larmes d'Hannah ? Peni-na serait la face, le visage de celle qui pleure, qui souffre. Puis, le miracle aurait eu lieu après l'ivresse spirituelle de la jeune femme lorsqu'elle pria et qu'elle fut bénie en devenant féconde, d'où son nom Anna, qui veut dire "grâce". 

Cette interprétation met en évidence le contraste entre Penina et Anna, qui sont des personnages importants de l'histoire. Par conséquent, nous pouvons percevoir le conflit entre Penina et Anna comme la tension entre deux facettes ou deux aspects de la féminité. L'infertile qui fait souffrir celle qui aspire à la maternité, c'est la même personne : Penina = Anna.


Je voudrais réitérer que ma lecture revêt un caractère symbolique, car je sais qu'on ne trouve pas nécessairement de liens avec l'étymologie biblique. Cela dit, j'aime ce jeu linguistique qui enrichit ma compréhension des textes anciens, qui se sont transmis oralement avant qu'on les consigne par écrit. Il est important de se rappeler que des problèmes de ponctuation sont survenus, avec des espaces en trop ou en moins. Un simple oubli d'espace chez un scribe suffit pour que Peni devienne Penina, ce qui change le sens global de la phrase et nous amène à penser d'un point de vue littéral que non seulement Elkana était un homme, alors que peut-être on parlait de El Kana, le Dieu de la parole ou le seigneur de Cana-an…, mais en plus que ce dernier avait épousé deux femmes, alors qu'il s'agissait sans doute de sa femme, ayant subi une transformation due à la joie, donnant l'impression d'être un autre, après avoir traversé une profonde dépression ! Ah ! Haha !

Les profondeurs du sens biblique sont révélées, dévoilant ses appellations et ses emblèmes.

Le verbe et l'union (l'alliance)

Aujourd'hui, je me demande si le Nouveau Testament ne représente pas une autre interprétation de l'Ancien. Certains pourraient froncer les sourcils, mais qui sait si les noces de Cana correspondaient à celles de Jésus ? Qui sait si ce n'est pas lui qui s'est marié ce jour-là, en chair et en os, ou principalement par le verbe, avec l'esprit sur la parole ?

Le verbe incarné, ce sont des paroles qui rafraîchissent l'alliance, non pas dans un sens littéral ou radical, mais en éveillant les sentiments profonds et la compréhension intellectuelle.

Le mot « Elkana », avec la racine « kana », signifie « Dieu a acquis » ou « Dieu a créé ». En arabe, « Elkana » voudrait dire « Dieu a parlé ». En considérant l'appel, la prière d'Anna, comme une allégorie des Noces de Cana avec Jésus, on peut concevoir Elkana comme une divinité représentant le verbe de création et de manifestation, lié à l'être intérieur. Cette connexion crée un lien entre le concept de Logos dans la tradition chrétienne et celui d'alliance dans l'Ancien Testament. Ce lien met en évidence le passage de la matière à l'esprit, de la détresse vers la bénédiction, et éclaire les puissantes mécaniques de transformation et de rédemption.

L'union entre Elkana (le verbe ou le Créateur de l'être) et Penina (l'eau) pourrait être perçue comme une transformation spirituelle : Penina (l'eau) serait ainsi élevée, transformée en Anne (vin), c'est-à-dire dans une forme plus spirituelle et divine.

Les liens étymologiques et les acrobaties verbales

L'union des caractères et des sens des radicaux verbaux dévoile des vérités enfouies. Les erreurs de ponctuation ou les interstices entre les mots peuvent s'avérer décisifs dans l'interprétation d'un texte. On doit considérer que chaque lettre, chaque combinaison de lettres possède une signification qui tisse un lien entre le sens et l'esprit. Analyser les noms et leurs origines permet d'entrevoir comment l'invisible arche œuvre dans notre réalité et nos cœurs, en remaniant les lettres, les sens, les espaces et les structures de l'existence.

Au-delà de la forme littérale, en explorant l'essence même des mots, les mutations linguistiques peuvent nous conduire à des vérités profondes et insoupçonnées. Elles éclairent le mystère du Verbe divin et sa manifestation dans l'univers et dans notre existence. Les écrits du passé se transforment en outils de révélation où chaque caractère et chaque intervalle peuvent dévoiler une nouvelle facette de la spiritualité.

L'absence de voyelles dans l'écriture hébraïque ancestrale ou le fait qu'on doit les deviner nous amène à interpréter « el kana » comme « el kn », c'est-à-dire « la voix de Dieu » ou « l'appel de Na qui a transformé son visage ». Le mot même « anna » pourrait représenter l'avant et l'après, avec l'inversion des lettres, ou un visage à deux faces (« an » versus « na »). 

En ce qui concerne Anna, chaque fois qu'elle pensait à son infertilité, elle éprouvait une profonde mélancolie, ce qui se traduisait par un visage renfrogné, que j'ai décidé d'appeler « tête de penina » (parce que cela signifiait qu'elle ressentait de la peine). On pourrait aussi la qualifier aujourd'hui de « tête de cochon » ou de « tête de méduse » en raison de l'expression faciale qu'elle affichait. Anna a vécu une transformation spirituelle : elle a vu son identité, son apparence et même son visage changer grâce à une expérience divine, c'est-à-dire l'accomplissement d'une promesse divine. Son nom même devient une allégorie de son cheminement personnel de transformation, tout comme un miroir qui se renverse, révélant ainsi une vision nouvelle, une identité rafraîchie. « An » représente l'état brut et initial, tandis que « na » est le processus de transformation ou de révélation qui symbolise la réceptivité et la grâce, comme l'eau qui se transforme en vin lors des Noces de Cana, où la matière simple devient quelque chose de plus raffiné et spirituellement enrichissant (spiritueux). Le visage de quelqu'un devient l'emblème de sa propre évolution interne, de la révélation graduelle de son être, de son discours intérieur et de son verbe profond.

De plus, « na » est le début du mot « nativité » ou « naissance ». Dans Anne, je perçois aussi le mot « âne », ce qui me fait penser à « l'âne est né » et, en même temps, « l'année ». Le murmure de la chanson me revient alors : « Il est né le divin enfant, jour de gloire, il est arrivé ». Et je me dis que si Samuel est né, alors Jésus aussi. 

En hébreu, « nashah » se traduit par « accoucher » ou « donner la vie », puisque la racine « n » renferme l'idée de commencement, de flux et de mouvement créateur. Le processus de transformation d'Anna s'apparente à une renaissance. Le « Na » évoque la naissance d'un être spirituel, le renouveau découlant de l'expérience mystique (l'esprit en Dieu) et de l'unification du Verbe et de la matière. 

La naissance symbolise un phénomène physique et spirituel. La renaissance, c'est le passage de l'an, de l'état initial à un état de lumière et d'accomplissement, l'an né (l'année). C'est le Nouvel An, un moment sacré où l'âme humaine se réveille à sa vraie nature divine.