80- Makeda, the Sphynx du samedi ou la "Queen of Sheba" 

15/08/2025

La reine de Sheba, également appelée Shéva, est aussi la reine de Sabbat (avec un ou deux b). 

Je me demande pourquoi elle est associée au samedi (shabbat). Y avait-il discothèque le samedi soir à cette époque ? Je plaisante… Ça m'a juste fait penser au film « La fièvre du samedi soir » avec John Travolta.

Shabbat est la fête juive hebdomadaire qui a lieu le samedi. Le nom shabbat  signifie « samedi » en espagnol. Dans la tradition juive, le samedi correspond au dimanche des chrétiens et au vendredi des musulmans. Il s'agit d'une journée consacrée au repos, où chacun retourne aux sources et se souvient de l'alliance du temps, de la promesse sacrée. 

Je vais m'efforcer de développer cela sans m'égarer dans les détails (après avoir fait des recherches et réfléchi pendant quelques heures, j'ai une multitude de notes que je dois synthétiser). 

Noble Dame ou Notre-Dame, j'ai l'impression que la reine de Saba, la reine Marie, la Shékhinah, Isis et Maât ont des points communs, de même que le Sphinx.

1. Origines et noms de la reine de Saba

On en parle dans les trois traditions principales du monothéisme :

- Dans la Bible hébraïque (1 roi 10 et 2 Chroniques 9)

"Chronique", comme dans la chronique d'un journal, un recueil de faits ; chronique comme quelque chose qui revient, "9" comme le temps d'une grossesse. Etymologie chronique : chronos ou khronos, le temps. Oh ! Oh ! 

- Dans le Coran (Sourate 27, sous le nom de Balqis)

Balkis (ce qui me fait penser à « kiss » en anglais) ou Baltis, dont le nom dérive de Baltissia, me fait penser au Tanakh grec, qui écrit « βασίλισσα Σαβὰ », soit « basílissa Sabà », ce qui me fait penser à la Basilique Saba, qui évoque la "reine du midi" pour les gens du sud, : c'est-à-dire la "vierge noire", appelée aussi "basilissa notou". Dans "notou" il y a la syllabe "no" comme dans "noble" ou "notre" : notre Basilique ou Notre Dame à tous : no-tou. Le nom de Balqis est Balqama au Yémen. Ce mot ressemble phonétiquement au mot « Balquan ». Ils n'ont toutefois aucune étymologie en commun. Pourtant, les mêmes lettres signifient la même chose dans des langues différentes. « Balk » signifie « crête », qu'elle soit celle d'une montagne ou d'une butte de terre. On doit s'arrêter à cet endroit (crête, sommet, butte), parce qu'on a atteint la limite de ce qu'on peut faire, et qu'on ne peut pas aller plus loin. Cela évoque la notion de cessation du travail le jour du Shabbat ou de l'année sabbatique, que tout un chacun a le droit de prendre s'il le juge nécessaire dans sa vie. Cela signifie également qu'il est nécessaire de mettre fin aux hostilités, de reconnaître la victoire de l'autre camp ou de ne pas s'entêter à avancer quand c'est perdu d'avance.

- Dans la tradition éthiopienne (kebra Nagast)

Le mot Saba (sheva en hébreu biblique) désigne un royaume antique probablement situé dans l'actuel Yemen (royaume de Saba) ou en Ethiopie. Il dérive de la racine sémitique s-b' qui est associé à un peuple ou un territoire, pas au repos ni au samedi. 

La tradition éthiopienne appelle la reine de Saba « Makéda ». Pourquoi ? Dans Makéda, j'entends Makda et je pense "Magdeleine"... Le Kebra Nagast, qui se traduit par « Gloire des Rois », est un récit en ge'ez qui rassemble des mythes éthiopiens, des récits bibliques, talmudiques et coraniques dans une quête divine de salut. Il raconte, entre autres, la rencontre entre la reine Makeda de Saba et le roi d'Israël Salomon, ainsi que les aventures de leur fils, Ménélik, qui aurait apporté l'Arche d'Alliance du Temple de Jérusalem en Éthiopie et serait devenu le premier roi de la dynastie des Salomonides. Ce coffre, fabriqué par Moïse, contient ses enseignements. Il a la forme d'une caisse destinée aux marins, ce qui m'a fait réfléchir sur un possible rapport avec l'histoire de Noé, constructeur de l'Arche. Le site est situé sur un axe particulier, une voie spécifique du territoire, désignée sous le nom de « Centre de l'Univers ». C'est pourquoi on a donné au lieu le nom « Axoum » (pas atchoum »), anciennement connu comme étant la route commerciale reliant l'Afrique à l'Asie. Des chameaux et des caravanes chargées d'huiles italiennes, d'or des célèbres mines d'Axoum, d'épices d'Inde et de soies de Chine empruntaient cet axe.

- Dans le reste de l'histoire

* En Abyssinie (au Nord de l'Ethiopie, vers Est du Soudan, dans le Sud de l'Erithrée), La reine de Saba, se fait appeler "kanaka". (kana comme les noces de kana ? Et si Jésus était Salomon et que la reine de Saba était Marie de Magdalena ou... Marie de Makada-lena ?)

*Chez les berbères de l'Aurès, la reine s'appelait Kahena / ka(he)na..., connue pour la bataille de chameaux contre les omeyyades.

* Selon mon hypothèse : Et si... Marie Madeleine, copine de Jésus Christ avait en réalité été une riche marchande de Magdala. Et si, étant donné qu'elle n'était rattachée à aucun homme dans l'histoire, elle était une femme célibataire et indépendante qui voyageait sur la côté de Galiléa et ailleurs, avec ses épices, et autres affaires ? Et si elle était la kanaka des éthiopiens que Jésus aurait épousé aux noces de Kana ? Ou la fameuse reine de Saba qui tous les samedi allait visiter le roi Salomon et était traitée comme une reine ? Et si Marie de Magdala  était la reine Makéda, la Cléopâtre sur ses navires, la Kahina sur ses grands chevaux ?

2. L'énigmatique reine de Saba

La reine de Saba, mentionnée dans la Bible et le Coran, est connue pour ses énigmes, semblables à celles du Sphinx dans la mythologie grecque. Ces énigmes mettent en évidence sa sagacité et son intelligence, tout comme l'épreuve imposée par le Sphinx à Œdipe. Du point de vue psychanalytique, cette figure féminine mystérieuse représente souvent un obstacle que l'on doit surmonter pour accéder à un niveau plus profond de connaissance ou d'influence. La réunion entre Saba et Salomon dépasse la sphère des échanges diplomatiques royaux. C'est plutôt un duel intellectuel, une confrontation de sagesses. Elle le mesure, il la comprend. Cette rencontre est initiatique. 

Sphynx, Shabbat et Saba ; un triangle symbolique

Il est intéressant d'étudier les liens entre différents archétypes dans les traditions mystiques et l'imaginaire initiatique. Qui sait si l'on ne découvrirait pas un beau fond de vérité derrière tout cela ?

— Dans la mystique juive, la Shekhinah est la manifestation divine féminine imprégnant notre monde.

— Le Shabbat est décrit comme une fiancée ou une reine que l'on accueille.

— Dans l'histoire, la reine de Saba se rend à Jérusalem pour rencontrer le roi Salomon, une allégorie de la Shekhina qui vient vers Dieu/Israël — Dieu y sera ? :-) — le jour de Shabbat.

— Le roi Salomon représente le roi céleste, tandis que la reine Saba symbolise la présence divine venue de loin pour une rencontre mystique pleine de sagesse.

— Selon une interprétation soufie, Balqis, la reine, symbolise l'âme qui s'épanouit grâce à la lumière divine après avoir compris la sagesse du prophète Salomon. C'est pourquoi les chrétiens associent le poisson (saumon) à cette figure.

— Le Shabbat est un moment où l'égo se calme, permettant à la lumière de se manifester.

— Quant au sphinx, il veille sur les secrets de la connaissance, posant des devinettes comme condition nécessaire pour accéder à cette dernière.

— La reine de Saba est la gardienne du passage vers une alliance spirituelle grâce à l'épreuve de la sagesse.

— Le shabbat marque la frontière entre le temps profane et le temps sacré, où l'on pénètre dans un univers différent. 

En ce sens, la reine de Saba peut être comparée au sphinx qui règne sur le royaume de Salomon, en particulier le samedi. Elle symbolise un état de conscience, un instant privilégié (un moment spécial) où l'on s'éloigne de la réalité ordinaire (où l'on s'isole de la routine quotidienne), un lieu sacré qu'on atteint après avoir franchi une limite. Elle est la fiancée mystique, voire mystérieuse, venue de loin, apportant des présents et des énigmes. Pour que le souverain puisse accéder à son domaine (ou à son cœur), il doit résoudre les énigmes qu'elle pose. Cependant, elle est aussi ambiguë, car elle semble protéger des connaissances profondes, tout en limitant leur divulgation. Ce comportement met en évidence un mécanisme humain : la compréhension profonde ne peut être atteinte qu'en dépassant son ego, ce qui constitue un coût. Sinon, cette connaissance reste superficielle.

Les cérémonies rituelles égyptiennes et grecques partagent plusieurs points communs. Le sphinx ainsi que la reine de Saba représentent tous deux la déesse Maât, incarnation de la justice, de l'ordre cosmique et de l'équilibre entre les opposés. De plus, Isis, figure mythique de la sagesse féminine « voilée » (métaphore du voile), ne se révèle qu'à ceux qui ont atteint un niveau de compréhension profond.

En conséquence, le Divin Féminin se comporte comme une sentinelle, en collaboration avec Shekhina, Saba, Sphinx, Maât et Isis. Cela évoque, sur le plan mental, les différentes étapes requises avant de pouvoir avancer. Il s'agit d'assimiler une leçon, de résoudre un mystère, de prendre un recul introspectif.

Sur le plan de l'esprit, il faut comprendre qu'on ne peut pas contraindre l'accès au sacré, mais plutôt s'ouvrir à lui grâce à la connaissance profonde et à l'harmonie personnelle.

Son royaume est figé dans le temps, sa prospérité également. Elle porte un nom et elle en porte mille. A elle toute seule, on raconter les contes des 1001 nuits...

Pourquoi dit-on que la reine de Saba est la gardienne de l'ordre du temps ? Cela vient d'un croisement entre plusieurs traditions bibliques, mystiques et symboliques.

3. Reine du midi, gardienne de l'ordre du temps

Pourquoi dit-on que la reine de Saba est la gardienne de l'ordre du temps ? Cela vient d'un croisement entre plusieurs traditions bibliques, mystiques et symboliques.

Dans les textes

Le shabbat, septième jour de la semaine, marque l'arrêt de la création divine. Il constitue ainsi le rythme fondateur de notre calendrier hebdomadaire. Le Shabbat n'est pas simplement un moment de repos ; il représente le rythme cosmique de la création. La tradition juive décrit comment, à la tombée de la nuit le vendredi, on accueille Shabbat, symbolisant la Reine (haMalka) avec toute sa grandeur et même comme une épouse royale. On peut comprendre cette histoire de diverses façons, que ce soit d'un point de vue spirituel ou humain. Dans l'Évangile de Matthieu, Jésus évoque la « reine du Midi » (la reine Saba), qui vient de lointaines terres pour écouter la sagesse de Salomon et qui représente l'autorité qui discerne et approuve ce qui est juste (la justice qui évalue l'ordre terrestre).

He, pssst ! Israel, ce n'est pas Dieu Isra (el = Dieu, mais "elle y sera". En clair, Israël devrait prendre deux "l" et s'écrire "Israelle". Bon, ok, là, c'est mon égo qui parle ! :-)

Dans une lecture mystique 

Le shabbat n'est pas seulement lié à la Shekhinah, cette manifestation féminine de la divinité, mais il symbolise également la descente de la reine céleste sur terre pour rétablir l'unité entre le divin et l'humain. Elle est donc la gardienne de la limite hebdomadaire entre le temps profane et le temps sacré. Ne pas honorer le shabbat revient à perturber l'équilibre cosmique, comme si la cadence de l'univers était désynchronisée. Comme la reine de Saba, elle établit un nouvel ordre, instaure un rythme et impose des règles. Tout le monde avait conscience de cela : lorsque la reine de Saba arrivait, le temps s'arrêtait. Pour Salomon, sa reine était plus importante que n'importe quelle autre tâche. 

Dans la philosophie spirituelle

Salomon et Saba représentent l'alliance des deux royaumes de l'espace-temps. Lui, par le spatial avec la politique, la justice et les territoires et elle, par les cycles, le rythme et la justice cosmique. Les deux personnages ont une dimension messianique et ils mettent à l'épreuve l'équité de l'ordre humain grâce à leur sens moral. Salomon demande aux deux femmes qui se disputent la maternité d'un enfant de décider si elles souhaitent que celui-ci soit coupé en deux pour être partagé entre elles. Quant à Saba, elle vérifie chaque semaine si son roi est digne de coucher avec elle.* Les deux sont semblables à Maât, qui pèse les cœurs pour savoir si l'âme peut passer au-delà des limites de l'espace-temps. 

* Comme quoi, ce n'est pas parce qu'une alliance les unissait que cela signifiait qu'il avait tous les droits sur son corps. Gagner l'accès au temple sacré de l'intimité, y compris celui de sa propre épouse, exige respect et maturité. Un mariage ne confère pas automatiquement à un partenaire tous les droits sur le corps de l'autre. (Moi-même)

Dans la suite des temps

En ce moment, je me plonge dans des recherches sur les tribus perdues d'Israël. Comment en suis-je arrivée là ? De clic en clic. J'ai commencé par l'« Ordre de la Reine de Saba », un titre prestigieux et une confrérie chevaleresque qui n'existe plus depuis longtemps, comparable à l'Ordre de Salomon ou à celui de l'Étoile éthiopienne. Cette réflexion m'a amenée à me demander quelles tribus d'Israël correspondent aux nations actuelles. C'est ainsi que j'ai découvert que le Danemark abrite peut-être la tribu de Dan. La tribu de Ruben, le premier-né, pourrait avoir évolué sur la terre française pour devenir la tribu des Gaulois que le Vatican qualifie de « fille aînée de l'Église ». Le peuple de Zebulon, qui possédait des bateaux, se serait installé dans les Pays-Bas en Hollande avec son refuge pour leurs navires. Quant à la descendance de Joseph, issue d'Ephraïm et de Manassé, elle aurait élu domicile aux États-Unis et au Royaume-Uni. J'ai ensuite eu un blocage avec la tribu de Gad. Je ne sais plus où quelqu'un l'a localisée en Suisse, car ce pays serait comparable à une lionne impartiale et juste. Puis j'ai vu le drapeau de l'Éthiopie orné d'un lion emblématique, où il est écrit « Lion de Juda ». J'ai alors établi un lien avec la bague ornée d'un lion de Juda offerte par Salomon à la reine de Saba, qui a donné naissance à un enfant. La tribu de Juda ne serait pas seulement située au sud d'Israël avec la tribu de Benjamin, mais aussi en Éthiopie. Pour ce qui est des autres tribus, j'ai pensé qu'il était possible que certains apôtres du Second Testament, qui a succédé à l'Ancien, aient pu, inconsciemment, représenter différentes tribus. Avant d'adopter leur nom de baptême chrétien, ils s'appelaient en hébreu. Quel était le nom original de Thomas, l'apôtre ? Si l'on pouvait découvrir cette information, cela pourrait éclairer l'influence qu'il a pu exercer en Inde lorsqu'il s'y est installé. Pierre, qui s'est installé à Rome après avoir vécu à Éphèse, a laissé une empreinte profonde sur la pierre, donnant ainsi naissance au Vatican. Il venait probablement d'une tribu pratiquante, et il est possible qu'il descende de Moïse, puisque les Dix Commandements sont ancrés dans les principes du christianisme. Jacques, quant à lui, a finalement élu domicile en Espagne et se distinguait par son approche spirituelle unique, différente de celle de Pierre. Jean (anciennement Matthieu ?), quant à lui, a choisi de s'établir en Grèce. Il devait être un Juif d'une tribu très philosophe, sinon il serait parti pour une autre terre…

Donc, il est probable que la reine de Shabat, dont le prénom se prononce de diverses manières, soit juive. De plus, étant donné que son nom est Sheba ou Sheva, il serait possible d'établir une connexion avec le mot hébreu « sh'va ». 

3. Sheva/Sh'va/Shiva


En hébreu biblique, la lettre « bet » se prononce « b » ou « v » selon qu'elle est dotée ou non d'un point (un dagesh). Cela permet d'établir un lien entre Sheva et Sh'va dans le judaïsme.

Le nom hébreu « Sheva » signifie littéralement « Saba » et fait également référence à un nombre, le 7, ainsi qu'à l'action de prêter serment. Cette association entre Sheva, le chiffre 7, et le shabbat, le septième jour, renforce son lien symbolique.

En hébreu, la lettre « shva » possède deux significations : elle peut représenter l'absence de voyelle, appelée « shva nasch », ou bien une courte voyelle, désignée sous le terme de « shva Na ». De plus, ce caractère a également pour nom « égalité » ou encore « néant », en fonction du contexte.

Spirituellement, certains textes kabbalistiques voient le sh'va comme une interruption, un moment de repos, un vide qui prépare le son, tout comme le Shabbat est un vide sacré dans le temps.

Sh'va en tant que pause vocale est au mot ce que Shabbat est à la semaine, un espace sacré dans le flux. « Sheva » incarne cette pause nécessaire à toute continuation, que ce soit dans une histoire ou dans un cycle. En reliant Sheva au Sh'va, un pont se crée où Sheva elle n'est plus seulement une reine historique, mais aussi une gardienne cosmique du silence sacré qui structure le temps et la parole, une reine temporelle.

Cela m'amène à penser qu'il y a un point de convergence entre Sheva et… Shiva, un dieu hindou qui ne peut exister sans Shakti, son énergie féminine, pour être actif… En sanskrit, Shiva signifie « l'auspicieux, le bienveillant ». Dans l'hindouisme, il est aussi le dieu de la destruction et de la régénération, gardien du cycle temporel. Sheva est le cycle sacré du temps hebdomadaire, tandis que Shiva est le maître de la danse cosmique (nataraja) qui détruit et recrée les cycles de l'univers.

Sheva, met à l'épreuve, interroge, incarne une alliance, mais aussi la sagesse et la fidélité à l'ordre. Elle évoque l'arrêt du temps.

Shiva, est réputé pour être celui qui met à l'épreuve, qui dissout l'égo, afin de révéler notre véritable nature. Il symbolise la dépouille, la disparition de l'illusion et le flot incessant du temps.

Dans les deux cas, il y a un seuil à franchir. L'un marque une pause rituelle, l'autre une pulsation universelle.

Que ce soit pour Sheva et la Shakhina, ou bien Shiva et Shakti, le divin s'exprime sous une forme masculine-féminine.

– Le roi Salomon, représentant de l'énergie masculine solaire, rencontre la reine de Saba, incarnation de l'énergie féminine lunaire.

– Shiva, personnification de la conscience masculine et Shakti, symbolisant quant à elle l'énergie féminine.

Historiquement et même linguistiquement, Sheva et Shiva ne sont pas reliés (certains professeurs feraient des bonds s'ils me lisaient. Oui, je sais, c'est « juste » ma compréhension de la situation, ce qui ne signifie pas pour autant qu'elle reflète la réalité. Il y a toutefois un écho qu'il faut admettre. Deux éléments sont en jeu : le temps, l'ordre cosmique cyclique, l'alliance et le seuil initiatique. Sheva est la gardienne du temps qui protège le passage du profane au sacré, tandis que Shiva est le maître du temps qui détruit l'illusion (traverse la peur) et régénère l'univers.

4. L'illusion amoureuse et la réalité

Puisque les deux personnages mythiques parlent d'illusion et de dépassement de l'égo, je vois un lien psychologique avec la personne qui se fait des illusions sur l'amour qui n'existe pas et la possibilité qu'au-delà de l'égo, l'illusion puisse être réelle...

Le mirage de l'amour

Quand une personne projette un amour sur quelqu'un qui ne le ressent pas en retour, on parle souvent d'idéalisation. Elle crée un mirage, une image intérieure de l'autre qui est amplifiée, magnifiée, embellie. Ce mirage devient plus réel que la personne elle-même, c'est une illusion qui nourrit autant qu'elle fait souffrir. Sur le plan psychologique, c'est un mécanisme de défense, une stratégie pour combattre la solitude ou l'angoisse d'être rejeté. Dans ce cas, l'amour ne se trouve pas dans le cœur de l'être aimé, mais il est ancré dans la psyché de la personne qui l'éprouve. Partager un amour inconditionnel avec quelqu'un qui ne partage pas ces sentiments, cela s'apparente davantage à une forme de dévotion qu'à de l'amour. C'est comme vouer un culte plutôt que d'aimer réellement. Ce genre d'amour exagéré reste souvent insatisfait. Lorsqu'une personne éprouve des sentiments amoureux pour quelqu'un qui ne partage pas ces émotions, il serait plus approprié de qualifier cette relation de dépendance affective plutôt que de romance. L'image idéalisée prédomine la perception de la réalité. Bien qu'elle procure un certain réconfort, elle peut également entraîner une souffrance psychologique. Lorsqu'on idéalise quelqu'un, on peut se leurrer soi-même en développant une vision idyllique et irréelle de cette personne. Si l'on idéalise l'autre, on peut s'illusionner sur ses sentiments, ce qui peut conduire à un amour artificiel. Une représentation exagérée de quelqu'un peut se transformer en fantasme, devenant presque tangible, tel un écran de fumée qui prend vie dans l'esprit, atteignant presque le même niveau de réalité que le monde réel, et finissant par devenir une source de distraction, puis d'obsession. Cette fixation peut mener à des comportements inquiétants, comme le harcèlement, l'agression sexuelle, le viol ou le meurtre.   

Maya

En sanskrit, l'illusion se nomme « maya ». Elle ne doit pas être considérée comme une simple erreur, mais plutôt comme l'expression d'une énergie créatrice.

L'ego a tendance à croire que l'amour doit nécessairement se concrétiser dans le réel (insistance), mais au-delà de l'égo, ce qui est aimé, c'est une étincelle divine qui se reflète chez l'autre.

Ainsi, l'illusion devient une porte, un passage, un trait d'union, un pont menant à la véritable nature de la réalité. Ce n'est pas l'individu en tant que tel qui est aimé, mais le principe même de l'amour, qui émane de cette personne.

D'un point de vue rationnel, l'illusion amoureuse est fausse. D'un point de vue existentiel, l'expérience est vraie, car elle émeut, transforme et élève. C'est comme un rêve où le contenu est irréel, mais l'émotion vécue est bien réelle. Autrement dit, l'illusion n'est pas le contraire du réel, mais une étape vers un niveau de réalité plus subtil.

Sheva et Shiva partagent un lien profond. Sheva évoque la tranquillité intérieure, la pause et la fin des illusions, tandis que Shiva nous rappelle que les illusions font partie de la danse de la réalité,mais qu'elles sont éphémères. Elles disparaissent, mais laissent un espace de conscience (où est la prise ?), un lieu pour se réveiller (renaissance), une place d'éveil (vigilance).

En somme, l'illusion est une projection mentale, un désir ardent d'être aimé. Cependant, elle peut aussi être une expérience spirituelle/mystique permettant de dépasser son ego. Elle peut révéler que l'amour, même s'il n'est pas réciproque, n'est pas « faux », mais qu'il s'exprime parfois à travers un mirage.

Pour conclure, il y a d'abord un premier niveau psychologique (ego/projection) dans lequel l'autre devient un miroir sur lequel on projette nos désirs où l'amour imaginé est différent du réel, ce qui peut causer de la souffrance, de la dépendance et de la frustration. Le deuxième niveau de l'illusion est spirituel (au-delà de l'égo/réalité subtile) où la clé consiste à réaliser que ce qu'on aime en l'autre est son étincelle universelle, ce qui transforme l'illusion en tremplin d'éveil, et la conscience de découvrir que ce qu'on cherche en l'autre est en fait l'Amour en soi (le divin, l'infini, le Soi profond), ce qui a pour résultat une libération avec une gratitude pour ce qui a été vécu, ainsi qu'une ouverture vers un amour plus large et donc réellement inconditionnel…

Comment nous montrons-nous notre amour ?

Soit nous croyons aimer X (psychologique/illusion), soit en vérité, nous aimons X parce qu'il reflète l'absolu (spirituel/réalité profonde). Aimer pour l'égo revient à s'illusionner, ce qui est source de souffrance, tandis qu'aimer avec et pour l'âme transforme cet amour en initiation, de franchir un cap pour apprendre à voir au-delà de la forme et à aimer ce qui est éternel.


5. Conclusion

L'illusion n'est pas à rejeter, mais à traverser. Elle agit comme Sheva qui pose une énigme à Salomon ou Shiva qui détruit une fausse image pour révéler la vérité.